INCIDENTS DE PARCOURS.
INCIDENTS DE PARCOURS
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Dédicace
A mon Cher père SADIO DABO, pour son sacrifice,
A la mémoire de ma chère mère Hawa Diallo, pour son amour.
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Remerciement
Je remercie Al-Habib Touré pour sa relecture et ses conseils.
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Epigraphe
« Apprendre à dire, non plus non, mais oui, et un oui qui ne soit pas le oui des autres, qui soit notre propre oui ». Schopenhauer.
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PREMIERE PARTIE :
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Une journée exceptionnelle à Nirowa
Il était une fois en 1937 dans un village Malinké où un évènement a eu lieu .c’était un Jeudi pas comme les autres jours .Ce jour-là coïncidait avec la période de grande chaleur, les villageois avaient l’habitude de s’asseoir sous des ombrages afin de prendre de l’air et de faire une sieste. Un jeudi où un évènement adviendra ; l’oiseau de mauvais augure se trouvait dans le houppier du Néré poussa trois(3) cris.
Les anciens étaient en conciliabule sous le cailcédrat ; ce fut un moment de silence. Les septuagénaires et les octogénaires auraient compris que ce Jeudi serait une journée mouvementée et pleine d’embuche. Une foule importante de gamin se mettait à bourdonner sous les pieds des manguiers cherchant des astuces pour cueillir des mangues. Ce village dont je vous parle s’appelle Nirowa ; il a vu naître des vaillants guerriers, des hommes dévoués. Les vertus des habitants sont les suivantes : l’hospitalité, le courage, l’amour mutuel. C’était un gros village Malinké qui se situe entre deux cours d’eaux ; un village très réputé. Les inquiétudes s’installèrent peu à peu dans leur cœur, d’un moment à l’autre une troupe traversa le village en voiture et se dirigea vers la concession du chef .Il s’agissait d’une troupe française, tout le monde savait que quelque chose allait se passer.
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Qui pouvait imaginer ce qui allait réellement se passer ?
Personne n’avait la réponse à cette question fondamentale, excepté Dieu le tout puissant.La délégation vint chez le chef, par l’intermédiaire d’un interprète malinké traduisit leur message en langue locale. Leur objectif était de venir recruter des soldats qui iront combattre au près des forces françaises. Mauvaise nouvelle pour le village, dans la mesure où les familles seront privées de leurs bras valides, qui probablement ne reviendront plus. Quel Désastre ! Quel Désastre !
Dans la même foulée la délégation sillonna famille par famille et prit par force les garçons bien battus. Pendant la nuit, les jeunes accompagnèrent la délégation.
Plus tard ces futurs soldats seront débarqués à l’île de Gorée(Sénégal) .C’est ainsi que Djibril Djan a été enrôlé tout comme quelques garçons de sa génération. Les chefs de famille commencèrent les insultes grossières : maudit soit le toubab ; «toubabou gnamogodéh ; bataradéh » (les oreilles rouges ; les gens sans vergogne).Que vous pourrissez en enfer ; nous imposé une guerre qui n’est pas la notre.
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Les feuilletons de Djibril Djan et de Gnonsondi.
Djibril Djan fut un ancien combattant recruté à l’kge de vingt ans au compte des tirailleurs sénégalais. A la fin de la seconde guerre mondiale ; il revint dans son village sain et sauf. Conformément à la tradition, on lui chercha une épouse ; le choix de sa famille tomba sur une jeune fille du nom de Gnonsondi issue d’une famille noble, profondément religieuse. A l’époque les règles étaient de sortes qu’ : on ne demandait pas l’avis des deux(2) partenaires ; en quelque sorte les deux(2) familles s’arrangeaient pour conclure un consensus.
L’ancien combattant était un homme beau, élégant, de teint clair, souriant à tel point que toutes les jeunes filles de son âge étaient disposées à succomber à son charme.
Les festivités du mariage furent organisées ; à neuf heures du matin les vieux se retrouvèrent dans le vestibule, le griot de la famille prit la parole devant les parents des deux familles ; des invités de près et de loin .Au cours de son allocution, il remercia les parents de Gnonsondi qui ont voulu leur donner la main de leur fille. Il renoua également les liens qui lient les deux(2) familles depuis des
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années. Ainsi il fait le partage des noix de colas, chacun reçoit sa part tour à tour. Le griot reprit la parole en rappelant ce propos : « Le mariage est une union sacrée entre deux sexes opposés ».Le soubassement de tout mariage se repose sur la confiance réciproque ; la communication et le soutien mutuel. Le mariage est un engagement par consentement mutuel qui a pour fin la propagation de l’espèce. Un homme, en s’unissant à une femme, est tenu envers elle selon les termes de son engagement. En faisant des enfants, il est tenu, par tous les liens de la nature et de l’humanité, de pourvoir à leur subsistance et à leur éducation. Quand il a accompli ces deux sortes de devoirs, personne ne peut lui reprocher une injustice ou un tort. Ainsi les chefs coutumiers scellèrent leur mariage que nul n’a le droit de les séparer ; à onze heures, le déjeuner était déjà prêt. Tout le monde se retrouva sous l’hagard autour de la tasse de fonio accompagnée de la sauce de pktes d’arachide. Tous les invités ce sont régalés, le service était à volonté (libre service).Les femmes aussi avaient leur mot à dire ; le tam-tam ne cessait de crépiter tout au long de la journée et les battements de main donnait aussi un rythme impeccable, la fête était totale au village. Ses amis de près et de loin ont effectué le déplacement pour venir fêter avec leur compagnon. Avant que Gnonsondi ne soit partie chez son mari, elle a été bénie par ses parents ; les propos de son père sont les suivants: « Ma fille je te bénis ; je te souhaite le meilleur .Le mariage demande de la soumission ; de la patience car tu dois unir tes beaux-frères et tes belles-sœurs ; tu ne dois aucunement les séparer .Je te pardonne ; tu dois aussi me pardonner ».
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Sa maman lui donna des conseils et lui fait des bénédictions : « Ma fille ! Ma fille ! Depuis que tu es devenue adulte m’as-tu vue une fois entrain de manquer du respect à ton père ? M’as-tu vue ; m’as-tu entendue que je suis partie une fois chez mes parents pour raison de conflit avec mon mari? Non maman ! J’ai fini, vas chez ton mari ; je te bénis ».Vers le petit soir la nouvelle mariée a été accompagnée chez son mari par des chants et des éloges de part et d’autre. La tradition malinké était de sorte que le mariage ne se limitait pas seulement à la famille du mari ; tout le village y participait ainsi que les villages environnants. Les hommes amenaient des sacs de (riz ; de fonio ; de Maïs) ; et les femmes selon leur moyen amenaient des (légumes ; gombos ; arachides).Une manière intelligente de venir au secours des uns et des autres, en un mot un geste de solidarité de la part des habitants de Nirowa.
Les hôtes pouvaient passer une semaine sans y retourner dans leur village d’origine ; le septième jour le griot remercia tout le monde d’avoir effectué le déplacement et leur accorda le chemin. Le huitième jour tôt le matin ; la mariée se réveilla étant habillée en tenue de couleur blanchâtre ; sa tête était bien tressée en style malinké. Elle chauffa de l’eau et alla réveiller tous les membres de la famille un à un pour leur dire d’aller se laver(les beaux-parents ; les frères ; les sœurs ; son mari).Ils se levèrent successivement ; elle prépara ensuite un bon petit déjeuner appelé « Seri » .Une recette de bouillie faite à base de céréales et un mélange d’arachide qui donnèrent un goût succulent et agréable.
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Elle ramassa les linges sales et se dirigea vers le marigot pour la lessive ; seule sans être accompagnée par aucune belle-sœur .En Afrique, le mariage ne se limitait pas aussi à l’apparence physique ; mais la conduite et tout ce qui rentrait dans le cadre du bon fonctionnement de la famille étaient pris en compte par la société. C’est à partir de ce test qu’on saura si la fille a reçu une bonne éducation de la part de sa maman. Une femme doit être un modèle, car elle est le pilier de la famille sinon de la société toute entière. Elle doit être docile ; respectueuse vis-à-vis de son époux ; de sa belle-mère ; de son beau-père ainsi qu’aux yeux de ses frères et sœurs de son époux. Nous pouvons affirmer avec certitude qu’elle reflétait l’image de sa mère. Ce n’est pas vrai que nous disons ceci dans nos adages : « Telle mère-Telle fille ».Elle fait rapidement ses lessives pour y retourner à la maison ; afin de préparer rapidement le déjeuner. Toute la famille de Djibril Djan était contente de la nouvelle mariée ; vraiment celle-là est une bonne épouse. Souvent les vieux bénissaient les jeunes à travers cette expression : « Que Dieu te donne une bonne épouse ». Les jeunes répondaient Amen ! Cela veut dire que Dieu te donne une épouse modèle ; une épouse qui est prête à se sacrifier pour toi ; qui partage avec toi les moments de joie et de tristesse. Les vieux ne parlaient pas ici de la beauté physique ; car se marier avec une jolie femme sans scrupule (muso-djougoôh1) ; tu es entrain de creuser ta propre tombe. Elle va te mettre en conflit avec tes parents ; tes amis ; tes collègues etc. Elle ne va jamais se baisser les bras avant de t’avoir ruiné.
1 Muso djougoôh : En langue malinké signifie une mauvaise épouse.
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La maman de Gnonsondi n’a jamais haussé sa voix sur son mari ; elle était respectueuse ; joviale.
Les temps passèrent la nouvelle mariée n’arrivait pas à avoir un enfant ; les inquiétudes s’installèrent dans le cœur de son cher mari. Elle passera tout son temps à se lamenter sans être consoler par personne ; même pas son mari. Son époux n’arrivait pas non plus à dormir ; la nuit se transforma en jour et le jour en nuit. Elle était inconsolable ; son mari se dépêcha pour aller consulter les charlatans et les grands féticheurs du village sans suite favorable. Cette volonté manifeste de Djibril Djan n’était pas la même que celle de son épouse. Car sa femme venait d’une famille maraboutique dont ses pratiques étaient prohibées par leur secte(le Wahhabisme).Cher mari prions et implorons le nom d’Allah pour qu’il nous donne un enfant .Nul ne pouvait échapper à son sort, peut-rtre c’était écrit là-haut quelque part que je n’allais pas enfanter. Sa belle mère(Férima) étant pressée de voir ses petits enfants ; ira alors se confesser à l’espace de culte du village ; en prenant des engagements et en demandant aux génies de venir au secours de sa belle-fille. Si le vœu s’exauce, elle viendra avec un coq, tout en s’habillant en haillon, en dansant la « danse de la possession » : Moriba-yassa2 .Et l’enfant portera le nom de Moriba .Deux(2) ans après Gnonsondi tomba enceinte, la joie était définitive dans la famille. Sa belle-mère honora ses engagements en faisant la danse de la possession, en apportant des sacrifices et en exigeant à Djibril Djan de
2 Moriba-yassa : dans certains milieux du Mali comme chez les bambara ; les malinké etc.
Quand une femme a eu la difficulté pour avoir un enfant ; elle peut donner sa parole au fétiche .Au cas où elle tombera enceinte ; elle ira le remercier en portant des habits déchirés et faisant la danse de la possession.
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donner le nom de Moriba à l’enfant. Elle fera douze maternités dont neuf(9) furent morts et trois(3) vivront à savoir : Moriba l’aîné ; Mady le cadet et N’Bakourou la benjamine. C’en est trop pour Gnonsondi ; elle n’arrivait pas à l’admettre. Que faire ? Remettons à Dieu(le tout puissant).
La polygamie est une pratique autorisée dans la société traditionnelle africaine ; l’homme pouvait prendre autant de femme qu’il voulait sans demander l’avis de sa première épouse. Le roi pouvait se marier avec une dizaine de femmes ; chacune pouvait faire dix maternités.
Mais avec l’avènement de l’islam, tout homme a dorénavant droit de prendre quatre femmes. Il n’avait plus le choix de prendre une seconde épouse du nom de Fily, parce que pour lui la richesse d’un chef de famille était le fait d’avoir une vingtaine ou trentaine d’enfants .Ces enfants pourront l’aider à travailler la terre. En ce sens que : « La terre ne ment jamais ».Malheureusement Fily n’a eu qu’un seul garçon appelé Monzomba.
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Les premiers pas de Moriba
Moriba est né en 1948 à Nirowa (Bourgade) de Tikolé (chef lieu), à 390km de la région de GUEBOU .Issu d’une famille pauvre paysanne ; car après la guerre son papa était devenu un cultivateur. Il a été éduqué conformément à la tradition Malinké ; dans leur milieu l’enfant n’était pas non seulement sous le contrôle de ses propres parents ; mais également les autres adultes y participaient à la bonne réussite de l’éducation .En ce sens que nous éduquons l’enfant pour demain ; pour la facilitation de son insertion dans la société des adultes .Un enfant éduqué était bénéfique pour tout le monde sans exception. A bas kge, l’enfant était initié à certains principes de la société à savoir la salutation ; le remerciement des parents après chaque repas. En ce sens que la salutation est le premier signe de l’éducation ; un enfant poli ne passe jamais inaperçu sans saluer .Et cela commence dans la famille ; chaque matin après
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avoir lavé ton visage tu passeras de porte en porte pour saluer tout le monde. Et c’était devenu une exigence pour l’enfant, car un grand frère n’hésitera pas à te rappeler à l’ordre. Manquer du respect à un supérieur était condamné par la famille ; le principe du droit d’aînesse3 régnait. Tout aîné avait le droit sur son cadet : le commissionner ou le sanctionner. Mais sans violer certaines prérogatives accordées aux cadets (le frapper sans raison valable) n’était pas permis. Cette règle était édictée par la société ; aucune n’était transgressable.
Pendant l’hivernage, Moriba et son jeune frère partaient en brousse pour des travaux champêtres, le soir en revenant ils amenaient du fagot. Djibril Djan disait ceci à Moriba : Mon fils j’aimerai que tu restes au près de moi pour m’aider dans mes différentes tkches ; je te rassure un beau-jour tu seras parmi les grands cultivateurs de notre village. Après les récoltes généralement les villageois n’ont pas d’autres activités ; Moriba partait jouer avec ses amis et le soir il se rendait chez le sage du village(Famory) qui était devenu son ami. Ce vieux lui prodiguait des conseils de sagesse ; et l’encourageait de travailler à la sueur de son front ; de ne jamais accepter la facilité. Mon fils il y a trois(3) grandes familles nobles dans ce village dont la mienne ; la tienne, et la famille Sissoko. Les autres sont soit des captifs de la guerre ; soit des hommes de castes. Mon fils il ne faut jamais transgresser les interdits en te mariant avec une femme de caste. C’est formellement interdit, tout enfant issu de ce lien sera excommunié et ne peut prétendre chercher un poste de responsabilité.
3 Le droit d’aînesse : les malinkés ne jouent pas avec le respect vis-à-vis des aînés .La soumission à leur égard était une exigence.
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Les griots sont nos serviteurs ; nos conseillers ; les gardiens de la tradition4 . On ne doit aucunement prétendre les marier, aucun lien de mariage ne nous unis.
Toutes les grandes décisions concernant ce village ; ta famille est impliquée et interpellée ; tout tourne auteur de ces trois familles. Tu dois toujours honorer ta famille, car comme on le dit : « chaque enfant est le reflet de sa famille ».Il ne faut jamais accepter le mensonge ; le vol ; l’hypocrisie ; la trahison ; l’estime de soi. Merci mon vieux pour tous vos conseils ; c’est gratuit mon fils ; tu peux partir jouer. Parfois les différentes classes d’kges se regroupaient soit : pour aller pêcher ; chasser ou faire autres choses. Tous les enfants ont remarqué qu’il était réfractaire à l’injustice ; au vol et au mensonge .Il se permettait de faire des prêches quand il prenait la parole. Il était respectueux vis-à-vis de ses parents et de toutes personnes qui sont plus âgées que lui.
4 Griot : homme de parole ; gardien de la tradition. Mais les nobles ne doivent aucunement se marier avec une griotte et vice-versa.
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Les tracasseries autour de son inscription à l’école
Chaque année, le commandant de cercle prenait trois(3) enfants dans chaque village qui seront scolarisés. La nouvelle était venue dans leur village ; les villageois ont été informés mais personne ne voulait que le choix ne porte sur son enfant. Les filles n’étaient pas concernées car leur place était dans le foyer pour s’occuper de leur mari et de leurs enfants. Djibril Djan a jeté son dévolu sur le garçon de sa seconde épouse(Monzomba) ; à l’époque les enfants commençaient à aller à l’école tardivement surtout à un kge avancé. Fily était l’épouse la plus préférée ; la plus aimée. Djibril Djan lui fait la proposition ; elle la rejeta sitôt ; je ne vais point accepter que mon fils soit parti à l’école. Elle s’est lamentée sur son sort, mon fils unique n’ira point à l’école. Cher époux tu veux me faire ridiculiser devant mes ennemis, en me privant de mon fils soit disant l’école des blancs. Je riposte ! Je ne suis pas la seule femme dans cette cour ; pourquoi n’as-tu pas choisi le garçon de ta première épouse ?
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D’accord, il quitta la chambre de sa seconde épouse et alla voir la première. Celle-ci accepta la proposition sans problème, si telle est ta décision cher époux, je te soutiens et je consens le choix de mon fils comme représentant de notre famille. C’est dans cette optique que Moriba a été recruté en Octobre de la même année.
Les émissaires chargés de faire le recrutement retiendront les noms des trois(3) garçons à savoir (Dogo Mangara ; Douga Fily et Moriba Gnonsondi5). Parce que ces trois(3) étaient aptes à partir à l’école. Chez les malinkés chaque enfant portait également le prénom de sa mère comme second prénom ; dans la cour on peut trouver six(6) garçons qui portent le même prénom ; pour les différencier on ajouta les prénoms de leur maman.
Fin Novembre les parents des garçons sont convoqués à Tikolé (chef lieu) comme motif : le refus d’envoyer les garçons à l’école. Les deux(2) autres garçons n’étaient pas partis à l’école ; seul Doko Mangara était sur place depuis Octobre. Le papa de Moriba Gnonsondi était souffrant ; mais celui de Douga Fily était parti représenter les deux(2) autres familles. C’était une convocation de la part du commandant, celui-là avait voulu mettre le papa de Douka Fily en prison, il a fallu l’intervention d’un député à l’époque pour supplier le commandant. Une semaine après, ils ont annoncé le départ de Moriba et de son compagnon Doko Mangara.
5 Douka (prénom), fils de Mangara (prénom de sa maman) ;Douga (prénom) ;fils de Fily( prénom de sa maman) ;et Moriba (prénom) ; Gnonsondi(prénom de sa maman).
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Le village était calme ce jour- ci, tout le monde était en larme chaude pour accompagner les héros à la porte du village.
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Son parcours scolaire
Vers onze heures ; ils quittèrent Nirowa pour Fitiri, ensuite à Tikolé accompagnés par l’oncle de Moriba. Vers le petit soir ils arrivèrent à bon port à Tikolé dans leur logement. Ils ont été bien accueillis par leur logeur avec tous les honneurs que cela comportait. Moriba et son oncle restèrent ensemble dans leur logement et Doko Mangara a été accompagné dans une autre famille. Moriba aurait compris qu’un autre épisode de sa vie allait commencer en un mot le début de la souffrance ; la nostalgie de ses parents ; loin de ses amis et de son vieux sage Famory. Les enfants passèrent toute la nuit à ronfler ; avec la longue marche effectuée dans la journée ; ils étaient si fatigués. Il a été réveillé tôt le matin ; il prit son petit déjeuner et porta ses habits cousus par sa maman. C’était le premier jour de la rentrée scolaire ; tous les enfants avaient pris le chemin de l’école ; une fois dans la cour il commença à oublier le stress et à se familiariser avec les autres camarades de sa classe.
A la descente ; il est revenu à la maison, il demanda les nouvelles de son oncle on l’a informé qu’il était parti en ville pour d’autres commissions. En réalité il était déjà au village ; il continua de jouer, petit à petit tout en oubliant le village.
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Le temps passa, il finira par s’adapter à l’atmosphère de la grande ville. Son Papa (Djibril Djan) partait régulièrement chez son ami marabout à Sibrila du nom de Famakan Diango pour qu’il fasse des bénédictions à la réussite scolaire de son fils. Moriba était courageux et intelligent ; il figurait parmi les meilleurs élèves de sa classe : de la première année à la cinquième année.
Avec la nouvelle reforme faite ; ils ont instauré le CEP (Certificat d’Etude Primaire) ; mais les meilleurs élèves de la cinquième année ne faisaient pas cet examen. Il passa en sixième année qui était rattachée au second cycle fondamental. Quand à Doko Mangara ; il abandonna sitôt l’école ; car il ne mangeait pas à sa faim ; après l’école il alla chercher des foins pour les animaux, feignit du bois pour sa logeuse ; puisa de l’eau pour remplir la jarre. En un mot les conditions n’étaient pas réunies pour qu’il puisse étudier. Doko Mangara était en réalité un gourmand ; il mangeait trop sans se rassasier. Douka Fily a aussi abandonné l’école car il faisait l’école buissonnière, il n’aimait pas du tout les études. Moriba au moins mangeait à sa faim ; mais il travaillait à la maison pour sa logeuse. Son logeur était un intellectuel ; il travaillait à la poste et connaissait l’importance des études ; était moins sévère avec lui, mais rigoureux dans le sens du travail.
Dès que la nuit tomba ; il lui demanda de prendre ses cahiers pour la révision de ses leçons du jour.
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Lors d’un congé de Noel au village ; Doko Mangara refusa totalement de retourner à Tikolé ; il restera au près de ses parents. Généralement les congés coïncidaient avec les récoltes au village ; c’était la bombance (du Maïs grillé au feu ; de l’arachide fraîche ; de la patate douce).Il raconta à sa mère ses peines et ses démêlés : Maman dans les grandes villes il n’y a pas à manger assez comme ici ; on travaillait beaucoup pour notre logeuse ; il n’y a pas de couscous accompagnés de feuilles d’arachide ou de baobab. Mon fils c’est bien, on n’a rien sans peine ; il faut supporter la souffrance, un homme doit souffrir. Comme on le dit dans un proverbe Malinké : « la souffrance est la première compagne de l’homme ».Ton logeur c’est ton père et sa femme c’est ta mère, il faut les respecter comme tu nous respectes. A la reprise il retourna à Tikolé pour les études ; ils ont repris les cours, il faisait correctement ses devoirs à domicile ; apprenait ses leçons ; faisait des exerces .Il respectait à la lettre les recommandations faites par sa mère jusqu’aux vacances.
Il ne possédait à l’époque qu’un complet cousu traditionnellement (un petit boubou) appelé « KOBILA-GNEBILA »6 .Le même vêtement était utilisé comme couverture pendant la nuit ; une seule paire de chaussure pour se chausser tous les six mois. Les garçons de son âge trouvèrent du plaisir à se battre afin de connaître dans le groupe qui était le plus fort. Tout le monde avait des poux sur le corps ; on pouvait même faire des heures entrain de se gratter les jambes ; les bras et le dos. Avant de partir au village pour les vacances il cultivait ; cherchait du fagot
6 Kobila-Gnèbila : un habit traditionnel fabriqué par un tisserand.
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afin de couvrir tous les besoins de sa logeuse pendant les trois(3) mois de vacances, sans quoi on ne leur accordait pas le chemin.
Un jour à Tikolé, quand il partait dans la brousse à la recherche du fagot ; il croisa sur son chemin un cortège funèbre c’est-à-dire un mort enseveli dans un drap blanc pour sa dernière demeure. Il aperçu le corps ; brusquement il s’enfuit dans la forêt en criant. La nuit tomba, il faisait des rêves affreux en poussant des cris épouvantables dans sa chambre. Lorsque sa maman a été informée de la dite nouvelle ; celle-ci se jeta à terre ; mit ses deux(2) bras sur sa tête. Dans le milieu Malinké ce geste est symbolique, cela montre que la personne a reçu une mauvaise nouvelle (la mort).Elle poussa des cris aigus : Né dogo sata ! Né dogo sata7 ! Hé, Hé mon fils est mort ! Il est mort !
Gnonsondi s’il te plaît ; Moriba n’est pas mort ; rassure-toi il est en vie. Juste il est souffrant. Non ! Non !vous êtes entrain de me cacher la réalité. Elle avait eu peur que le malheur ne lui arrive, peur de perdre un autre enfant, car elle en a perdu neuf(9) déjà. La nostalgie de ses enfants perdus fait qu’elle était inconsolable comme une veuve qui pleure la mort de son époux. Quelques jours plus tard ; il s’est rétablit (son malaise était sans incidence).Sa mère fut informée de la bonne nouvelle ; elle trouva du sourire une fois de plus. Il arrive à passer en 7ème Année et fait sans problème la 8ème année et la 9ème année. Il vint de décrocher son DEF (diplôme d’études fondamentales) ayant été le premier
7 Né dogo satah : mon fils est mort.
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dans leur village à obtenir un diplôme si prestigieux. Quand il retournait au village pour les vacances ; il a été accueilli à bras ouvert devenant ainsi l’intellectuel incontournable et sans égal. A l’époque n’importe qui n’avait pas le DEF ; avec ce diplôme tu pouvais avoir du travail et être un cadre de ce beau pays(Lima) .Ses amis du village organisèrent une grande fête pour magnifier ce succès énorme. Parmi un nombre remarquable d’élèves il a été admis. Dieu merci ; louange au seigneur !
Beaucoup de ses camarades de classe abandonnèrent l’école certains sont devenus des militaires ; des policiers ; des gendarmes ; des commerçants.
Pour rtre un porteur d’uniforme ça ne demandait pas assez de niveau d’instruction, car des milliers de soldats ne savent ni lire, ni écrire. Les vauriens étaient recrutés au compte de l’armée pour défendre la nation(Lima).Lima était un jeune Etat indépendant ; le sens du patriotisme était élevé et l’intérrt collectif faisaient que tout le monde était prêt à renoncer au particularisme. D’autres ont décidé de partir dans les pays environnants dans l’intention de revenir avec de l’argent. Un jour il fut appelé par sa mère ; mon fils prend place. Je vais te donner des sages conseils ; il faut ouvrir grandement les yeux et écouter attentivement. Ecoute ce proverbe : « La poule ne jette pas de mauvais grains à ses poussins ».Je veux ton bonheur ; je te demande de te méfier des gens de ce village. Il demanda à sa mère pourquoi dois-je me méfier de tout le monde ? Tu es le seul à obtenir le DEF, tu ignores que tout le monde t’envie.
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Et surtout ton oncle (Sory-Djè) n’arrive pas à s’entendre avec ton père (Djibril Djan) qui est devenu vieux aujourd’hui. Mon fils, si ça ne tenait qu’à moi, j’aimerai que tu abandonnes l’école on va te chercher une femme ; dans ce cas tu chercheras un autre boulot qui te rapportera de l’argent. Maman après tant d’année de souffrance ; vous voulez mettre tout à l’eau ? Non mère je ne saurais accepter cela. Mon fils ; je n’avais aucunement l’intention de te vexer ; je pensai que ça allait être une bonne proposition pour toi. Si tel n’est pas le cas, je te donne l’ordre de continuer tes études.
A la rentrée prochaine il a été orienté au lycée en classe de 10ème SB (science biologique) dans la capitale de Lima. Il était boursier au lycée ; mais les élèves ne recevaient rien en espèce comme argent. Le gouvernement avait l’obligation de les loger au campus et de prendre en charge : leur tenue scolaire ; leur nourriture ; leurs fournitures. Il n’était jamais venu dans leur capitale Komaba ; une ville lumineuse pendant la nuit ; frappée par (sa commodité, les infrastructures, les voitures, les ponts et les embouteillages).Les élèves nouvellement venus ont été accueillis par le premier responsable du campus qui s’appelait Joseph. Celui-ci leur montre des chambres et les souhaite les bienvenus. Après avoir fait la répartition des élèves entre les chambres ; Moriba se retrouva avec trois(3) de ses camarades dans la même chambre. Chacun aura un lit ; une armoire ; une serviette de toilette ; deux(2) complets de tenue scolaire ; une brosse à dents ; une patte dentaire et un morceau de savon.
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Il ira faire ses toilettes ; brossa ses dents ; pensait qu’il était déjà à Paris. Pour lui s’était un rrve de se comporter comme un européen. Tôt le matin à six heures, tous les élèves ont été réveillés par Joseph pour qu’ils partent faire leur douche et qu’ils se mettent en tenue rapidement. A sept heures rendez-vous à la cantine pour le petit -déjeuner. Un récipient remplit d’eau chaude ; du café et des boites de lait à côté ; des tasses remplies d’omelettes et des pains sur la table à manger. Sept heures quarante cinq minutes trouva chacun dans sa classe respective pour les cours. Ils font la rencontre de leur professeur de Biologie pour la première fois. Ce dernier était un Russe(Dobeloski) ; il passa tout son temps a fixé le blanc, une première fois d’rtre en contact direct avec un blanc. Le professeur de français était un français(Edouard) ; celui des mathématiques était un citoyen de leur pays(Tièmoko).A la descente à Midi ; les élèves s’orientèrent vers la cantine pour le déjeuner (libre service) ; chacun fut servi en riz, en viande ou en poisson .Le dîner à dix neuf heures (macaroni ; couscous ; haricot) étaient au rendez-vous. Pendant le week-end ; les élèves descendaient en ville pour rendre visite aux parents ; aux amis. Quant à Moriba, il ira voir son oncle maternel qui vit depuis cinq(5) ans à Kobama. Il arrive au moins à avoir des bonnes notes pour passer en classe de 11ème année (Baccalauréat première partie).Avant la fermeture de l’école, il a été informé qu’il a perdu son père. Il passa toute la journée à pleurer ; et la nuit il partit voir le censeur lui informa de la triste nouvelle et demanda la permission pour aller assister aux funérailles de son papa (Djibril Djan).
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Mais il n’avait rien dans ses poches comme argent pour pouvoir effectué le déplacement. Il fut Obligé d’attendre la réquisition programmée à la fermeture des classes. Pendant les vacances, il ira au village pour les condoléances de son père. L’hivernage battait son plein, les autres frères de la même famille partaient au champ, personne ne lui dérangeait car c’est un lycéen qui était venu se reposer. Parfois il se lève à huit heures du matin pour se laver ; se brosser ; prendre tranquillement le petit déjeuner sans pression. Souvent il accompagnait les cultivateurs pour la formalité au champ ; il se comportait dorénavant comme un citadin. Son frère Mozomba était devenu un grand paysan c’est-à-dire le fils de sa deuxième maman Fily. Parce qu’en Afrique il n’y a pas d’histoire de demi-frère ou de demi-sœur ; vous êtes du même sang (consanguin) ; et le même sang qui coule dans vos veines8. Il n’y a plus question de marktre, la deuxième femme de ton père est aussi ta mère. Ce dernier ne cessait de faire des reproches à sa mère ; vous avez refusé que je sois choisi par la famille pour être scolarisé. Mon frère Moriba étudie, c’est moi qui suis resté pour cultiver et faire les commissions de la famille.
Un jour Sory-djè a fait déplacé un féticheur et l’héberger dans la cour ; il aménagea une chambre pour qu’il puisse faire correctement le travail qui va lui être confié bientôt. Son intention était de mettre fin à la vie de son neveu .Quand Moriba rentra à la maison, son oncle se cacha et alla voir son hôte. Mon féticheur, le garçon que vous avez vu, c’est lui .
8 Dans la société traditionnelle africaine, même si le père de famille a trente enfants vous êtes des frères et des sœurs, Ɖas des demi-frères ou des demi-sœurs͘
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D’accord je ferai mon boulot. Depuis que le féticheur était venu dans la cour, c’était la maman de Moriba qui s’occupait de lui .Elle lui donnait à manger, et à boire. Le féticheur lui demanda : Sory-djè qui est la mère de ce fameux Moriba ? Répondit à voix basse : la dame qui te donnait chaque jour à manger c’est elle. Quoi celle qui me donne à manger ? Désolé Sory-djè, je ne peux plus faire ce travail que tu me demandas, car : « la main qui te donne à manger, tu n’as pas le droit de la couper ». Je rentrerai dès demain dans mon village. Heureusement son neveu a échappé belle à son piège, grâce à la bonne conduite de sa maman.
A la rentrée, il a été désigné comme responsable de sa classe par ses pairs. Pour que tu sois un responsable de classe ; il faut remplir certains critères c’est-à-dire être poli ; avoir une bonne moyenne. Il commença la 11ème année ; il était un vrai leader pour la défense des intérêts suprême de la classe au près de l’administration scolaire et au près du personnel enseignant du lycée. Ses revendications étaient les suivantes : l’amélioration de leur condition de vie ; la réclamation de leur fourniture ; de leur dotation en savon, et en tenue scolaire.
Parfois les élèves partaient travailler en ville ; au marché et dans les champs des patrons pendant le jeudi soir ; afin de subvenir à certains besoins et d’économiser un peu d’argent pour les parents au village. Les choses évoluaient jusqu’à la fin de l’année scolaire ; les résultats apparaissaient il passa. L’année suivante c’est le deuxième examen : Baccalauréat (deuxième partie), mais il échoua.
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Il demanda un transfert à L’IPEG (Institut pédagogique de l’enseignement général) .Une formation de deux(2) ans a été sanctionnée par un diplôme. Au Mois de septembre affecté dans la première région de Lima ; poste Dioulafoundouba.
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Deuxième Partie
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Le mariage de Moriba
Pendant les vacances ; son oncle Ba-Fing lui chercha la main d’une jeune fille dans leur village. Ce choix a été approuvé par Moriba ; une fille bien éduquée conformément aux règles de la société Malinké. Dans leur coutume pour qu’on puisse t’accorder la main d’une fille ; pour se marier dans les règles et faire honneur aux siens, il te faut six(6) bœufs. Son défunt père avait laissé un nombre suffisant de bœufs ; de moutons et de chèvres dans sa bergerie. Son deuxième oncle Facourou lui donna l’ordre de capturer six(6) bœufs sur le champ afin d’accélérer les démarches.
Le jour du mariage fut fixé ; les chefs coutumiers célébrèrent le mariage de Moriba avec Banièba. Dans la journée ses amis sont partis aménagé sa chambre ; la maison a été bien parée ; le matelas fabriqué traditionnellement à partir du sac et des pailles est mis à sa place ; les rideaux sont attachés. Tout le monde a bien mangé et bien dansé au rythme du tambour (danssa9) : danse traditionnelle des malinkés. Les jeunes du village vont organiser le bal la nuit pour joindre le goût à l’agréable avec les filles du village. Vraiment ce mariage restera dans l’histoire non seulement sur le plan du festin ; mais aussi sur le plan des festivités.
9-Danssa : Une danse traditionnelle des malinkés(le tambour est l’instrument le Ɖlus utiliser)͘
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Débuts de carrière professionnelle
A l’aube le jeune couple donna au revoir aux parents ; car ils doivent rejoindre Dioulafoundouba avant la rentrée scolaire. Son directeur d’école était le dernier chef de canton de leur village ; il détenait une classe comme ses adjoints. Il était polygame comme le voulait la tradition ; ce qui faisait qu’il avait ses enfants dans toutes les classes du fondamental (de la première année à la sixième année). Les fonctionnaires qui prenaient deux ou quatre femmes et qui avaient un nombre considérable d’enfants étaient sans doute l’enseignant et le militaire .Après il fut muté en Novembre de la même année à Soudy.
Il fit trois(3) ans à l’école de Soudy ; Soudy est un village plus paisible que Dioulafoundouba parce que le climat est propice ; la végétation est abondante ; les fruits et les légumes étaient à la portée des enseignants. Dans chaque école ; le personnel avait mis en place un comité chargé de mettre les élèves en activités à la descente de chaque cours. L’école avait son jardin ; on cultivait les légumes, les salades, les fruits, les bananes.
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Il passa trois(3) ans avant d’rtre muté en Octobre à Massaka où il passa deux(2) ans ; son premier garçon fut né la même année.
L’accueil était chaleureux ; les étrangers étaient les mieux traités parfois les parents d’élèves lui faisait des cadeaux. Il tissait de bonne relation non seulement avec les parents d’élèves, mais aussi avec les notables du village. Après le conseil des maîtres, le directeur lui confia la classe de 3ème année. A la rentrée, il fait l’appel des élèves dont leur nom figurait sur la liste .Il commença à dispenser son premier cours de grammaire et de conjugaison. Chaque fiche de préparation était visée par le directeur d’école chaque jour (matin et soir) avant que les enseignants ne regagnent leur classe respective. A midi la cloche sonna ; les élèves sortirent un à un ; après il ramassa ses effets et prit le chemin de sa maison. A l’époque généralement le village aménage un cite non loin de l’école pour héberger les enseignants. Cela trouvait que Banièba avait fini de faire la cuisine ; il prendra son déjeuner ensuite fait du thé. Le soir à quinze heures tous les enseignants étaient en classe pour les cours. L’année suivante, il tiendra la 6ème année c’est-à-dire une classe d’examen, ce qui sera sanctionné par le CEP (Certificat d’Etudes Primaires). Soucieux de la réussite de ses élèves, dispensait chaque jour les cours de sept heures quarante cinq minutes à dix-huit heures (matin : sept heures quarante cinq minutes à treize heures) et le (soir : quatorze heures à dix-huit heures).Et cela jusqu’à la fin de l’année. L’année a été fructueuse ; car il a fait un bon pourcentage à l’examen.
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L’école organisera une grande frte pour encourager les enseignants et les meilleurs élèves ; ils passent la journée à l’école entrain de manger de la viande et du riz au gras.
A la rentrée prochaine, il demanda la mutation nationale dans la région de Timou (cercle de Timou) ; commune de Kouny. Il débarqua avec sa famille en Septembre où il fait Sept ans. Les villageois se préoccupaient énormément de la réussite de leur fils ; ils ont vite compris que l’école était le seul facteur de réussite et de devenir un cadre de ce beau pays un jour. Chaque enseignant qui voulait une terre pour en faire un champ bénéficiait de l’appui du village ; les élèves sarclaient le champ et faisaient la semence. A la récolte ; ils font le nécessaire pour amener les céréales jusqu’à la maison de leur maître de classe.
De Kouny nommé comme directeur à Toufing ; il passa neuf(9) ans dans ce petit village. Trouva que l’école n’avait aucune infrastructure ; les salles étaient délabrées aucune commodité. En sus de cela ; l’école n’avait pas d’effectif escompté par l’administration. Certains parents venaient chercher leurs enfants à l’école et adressaient des mauvaises paroles au directeur. Mon enfant viendra m’aider dans les travaux champrtres, car l’école est venue nous égarer du droit chemin et surtout l’école des jeunes filles. Le nouveau directeur n’aménagea aucun effort pour diligenter une réunion avec le chef de village, les notables, ainsi que les parents d’élèves et le personnel enseignant. Au cours de leur briefing il dénonça avec ferveur le manque de respect de la part de certains
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parents d’élèves à son égard ; prend en témoin le chef de village de traduire toute personne qui refusera d’envoyer son enfant à l’école chez le commandant. Quand on parla du commandant les villageois commencèrent à trembler ; l’administration générale incarnait la crainte ; la force ; la violence ; la prison .Ils connaissaient le garde rapproché du commandant comme les cinq doigts de leur main, car c’est lui qui était chargé de torturer les gens qui refusaient d’obéir et de les envoyer en prison. Le chef de village lui présenta ses excuses ; et lui rassura qu’ils ne vont plus commettre une autre erreur .Il accepta les pardons des notables du village et il se mettra au travail.
A l’année suivante, depuis au mois d’Aot ; il commença les recrutements et se déplaçait de village en village pour sensibiliser les parents d’élèves sur l’avantage de l’école. En octobre les cours commencent, Moriba lui-même détenait une classe et les autres adjoints avaient eu chacun leur classe respective. Ils ont pu mener à bien leur mission ; l’école retrouvera enfin son vrai effectif. Pendant le week-end il se rendait chez les élèves pour prendre certaines informations sur leurs comportements en classe au près de chaque parent ; et s’imprégner de leurs conditions de vie .Pratique qui faisait plaisir au villageois ; le fait de partager souvent des mets avec eux. Après l’école ; il partait causer chez le chef de village ; l’imam ; même chez le chef-traditionnel. Il écrivait et lisait des lettres et participait aux différents évènements (baptême ; mariage ; décès etc.).Il avait l’habitude d’organiser des frtes culturelles ; des activités sportives
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dans son école. Ainsi ; devenant l’homme le plus aimé et le plus respecté du village. Mais il était intelligent dans la mesure où il ne faisait pas de parti pris ; il traitait tout le monde sur le même pied d’égalité. Les rivalités internes entre les villageois il n’était pas dedans ; l’association villageoise il n’était pas non plus un membre actif ; il était aussi apolitique. Dans tout ça il avait effectué tous ses déplacements avec sa femme Banièba ; malgré souvent ses mauvaises conditions, son épouse se débrouillait pour préparer de quoi manger à son mari. Surtout le pays était dirigé par un président sanguinaire ; dictateur. Les fonctionnaires pouvaient faire trois(3) mois sans salaire ; l’enseignant était la risée de la foule ; mal logé ; mal nourri ; mal habillé. Certains enseignants ont perdu leurs épouses à cause de leur situation financière précaire ; Banièba avait compris que la pauvreté n’était pas une fatalité. Le mariage c’est pour le meilleur et le pire ; elle faisait du petit commerce pour venir au secours de son cher mari.
Avec le ruralisme de l’école ; le directeur organisa le travail de telle sorte que les jeudis soir et samedis étaient prévus pour les activités pratiques. Les élèves partaient tous au champ collectif de l’école pour des travaux champrtres. Le retard et l’absence étaient sanctionnés sévèrement ; les maîtres ainsi que le directeur accompagnaient les élèves au champ. Chaque groupe de travail était confié à un maître ; ce qui a fait que beaucoup ont abandonné l’école à l’époque. Après les récoltes, les céréales ou les cotons étaient vendus et
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l’argent était mis dans la caisse de l’école pour les dépenses supplémentaires.
Un beau jour, il s’adressa à sa chère épouse ; Banièba je te remercie sincèrement de m’avoir soutenu dans la joie et dans le bonheur ; c’est rare d’avoir une épouse comme toi. Ses enfants commencèrent à grandir, son premier garçon et sa première fille sont partis à Timou pour les études secondaires. Ils étaient tous logés chez l’un de ses parents. Chaque année il envoie les nécessaires de ses enfants (deux sacs de riz ; deux sacs de mil et une somme de vingt mille francs).
Il va décider de revenir en Ville ; car il était temps de regagner Timou pour enfin préparer le futur de ses enfants. Passer trop de temps dans les campagnes constitue un obstacle pour la réussite scolaire de tes enfants ; car ils ne sont pas aux côtés de ses propres parents pour les surveiller comme il le faut, également il était nourri d’un autre projet c’est-à-dire chercher à construire en ville. A la grande surprise des villageois, il a été muté à Goubounoko une triste nouvelle, une désolation pour tout le village. Goubounoko est à 60km de Timou. Il chercha une maison à Timou pour mettre sa famille, tout en faisait la navette entre Timou et son poste. La mrme année il a perdu sa femme lorsqu’il était à son poste suite à une courte maladie. Comment informer Moriba de la triste nouvelle ; à l’époque la technologie n’était pas développée ; il y avait un des amis à Timou (appelé Fadiala) qui loue une voiture pour aller lui chercher .La délégation arriva tardivement à minuit ; frappa à sa porte ; il se réveilla surpris de voir son ami à
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telle heure pareille. Rassure-toi mon ami rien de grave. Non Fadiala je te connais ; tu es venu m’annoncer une mauvaise nouvelle. Allez-y crache le morceau .En réalité c’est vrai, ta femme est souffrante, elle se trouve présentement à l’hôpital. Je savais que quelque chose cloche ; mais comment l’exprimer ?
Ils arrivèrent à Timou vers trois heures du matin ; la route était dégradée, et la voiture était aussi en panne .Une fois franchi le seuil de la porte il comprend que son intuition était une réalité ; il aperçoit la foule(les voisins et les parents) assis de part et d’autre, il voit devant lui un corps enseveli dans un drap blanc. Les gens étaient en larmes chaudes ; il se pose la question qu’est-ce qui m’arrive ? Son ami Fadiala lui dit ceci : « votre épouse est morte», nul ne peut s’y opposer, telle était la volonté divine. En Afrique tout ce qui arrivera à l’homme, du bien ou du mal il faut être en mesure de tout supporter. L’homme se différencie de la femme à travers certains faits(le bonheur et le malheur).Si la femme est heureuse ; elle se montre et elle est contente. Le malheur aussi se caractérisait chez elle par les pleurs ; les cris ; les lamentations. Il souleva le drap blanc ; il voit le visage de sa femme ; il dit ceci : « Lahi-Là-Là » c’est-à-dire Dieu est grand.Et il se mettait à parler : Banièba c’est toi dans ce drap ; Banièba tu as pu me laisser seul ; Banièba après tant de souffrances à me suivre partout où j’étais ; Banièba et l’avenir de tes enfants. Banièba ! Banièba ! Banièba ! Il n’a pas pu se retenir, les larmes ont commencé à couler.
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Moriba ne pleure pas !je ne suis pas entrain de pleurer. Une mort tout à trac et inattendue ; c’est horrible.
Les funérailles furent organisées et elle a été enterrée conformément à la tradition musulmane. Son directeur d’école a fait un écrit à l’inspecteur régional pour qu’il soit muté à Timou au près de ses enfants .Il a été muté à Timou au congé de Noel ; dans une école un peu loin de son logement, il passe deux(2) ans a enseigné dans cette école. Après, il fut muté comme directeur de l’école fondamentale de son quartier ; où il achèvera sa carrière d’enseignant.
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Fin de carrière et ses expériences personnelles
Il devrait partir à la retraite au Mois de Janvier ; la passation avec son successeur était prévu en Décembre ; il a rangé dans l’armoire les livres d’une part et les dossiers des élèves étaient sur la table. Au mois d’Aot, ils font la passation et Moriba alla se reposer à la maison. Ses collègues organisèrent une petite frte à l’école pour l’accompagner ; tout le monde lui apporta quelque chose comme cadeau .Un conseiller de l’inspection pédagogique régionale prit la parole : Moriba on te remercie de tout ce que tu as fait pour l’école ; pour ton pays, tu es un modèle, une référence. Tu as fait un parcours parsemé d’embuche ; tu as pu surmonter les péripéties jusqu’à la retraite ; enseignant jusqu’à la moelle épinière ; tu as donné toute ta vie à l’enseignement et à l’éducation. A son tour il prit également la parole : Je salue l’administration générale, l’administration scolaire et tous les enseignants qui ont voulu effectuer le déplacement. J’en suis honoré ; honoré parce que vous avez opté pour ce métier que nul ne peut vous payer au centime près. Les mots me manquent ; je suis content car
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je vais à la retraite après tant d’années entrain de servir ce beau pays ; mais mecontent parce que vous allez me manquer chers collègues ; chers élèves.
Que Dieu vous donne longue vie d’exercer ce métier si noble. Je vous remercie sincèrement. Il était devenu le muezzin du quartier ; après la mosquée soit il lisait le coran ; soit il écoutait la radio pour s’informer sur les réalités du pays et celles du reste du monde. La fréquence la plus préférée de tous les enseignants était la radio France internationale(RFI).
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Les échanges entre Moriba et Inza
La nuit ; il regardait la télévision nationale et parfois jouait avec ses petits-fils et ses petites-filles .Son premier garçon travaillait déjà ; il était devenu un administrateur des impôts et était marié. Quand à sa première fille, elle était mariée avec un porteur d’uniforme ; elle travaillait comme infirmière. Son dernier garçon était étudiant à l’université à l’école normale supérieure ; il étudiait les lettres modernes ; il s’appelait Inza. Quand ce dernier revint en vacances en famille ; il passait tout son temps à causer avec son père. Il lui raconta ses aventures ; ainsi que ses expériences personnelles en tant qu’enseignant dans les classes et administrateur scolaire.
Mon fils la tkche d’un administrateur n’est pas du tout facile ; rtre un administrateur c’est rtre attentif ; avoir l’esprit d’écoute ; être serviable. Mes expériences en tant que directeur d’école pendant plus de vingt (20) ans laissent entendre que le bureau était fatiguant. Non seulement tu t’occupes des dossiers des élèves de façon minutieuse ; mais aussi tu devrais viser la fiche de
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préparation de tes enseignants .Tu fais le procès verbal à la rentrée et à la fermeture ; de la même façon que les enseignants arrivent à gérer les enfants ; c’est de cette même manière que le directeur arriva à supporter les caprices de ses collègues enseignants, surtout les enseignantes qui trouvent toujours des alibis pour sécher les cours sans raison valable. Le cas des adjoints paresseux ; non assidus ; ceux qui font de mauvaise préparation des leçons. D’où cette pensée d’Amadou Hampâté Ba : « le sage désirera plutôt apprendre que d’enseigner. Il ne croira jamais qu’il détient le savoir total. Il se considéra toujours comme ignorant, et restera de tout temps élève. Il sera assez conséquent pour respecter la vérité des autres, et assez conscient pour reconnaître ses erreurs »10 .Certains parents viennent t’exposer leurs problèmes familiaux, tu es obligé de tenir compte du social ; d’autres ne payaient pas les coopératives scolaires. Le directeur devrait compatir à leur douleur en les soulageant ; car il est avant tout un père de famille, il a ses propres enfants parmi les élèves qui sont sous sa tutelle. Je travaillais même le week-end ; ma deuxième famille était l’école, tu étais au courant mon fils. D’où cette pensée de Jaurès : « on n’enseigne pas seulement ce que l’on sait ; on enseigne aussi ce que l’on est »11.
Inza pourquoi as-tu opté pour l’enseignement ? Je l’ai choisi par vocation ; j’avais voulu devenir enseignant comme vous afin de servir valablement mon pays. D’accord j’en suis ravi d’entendre cette réponse de ta part ; à l’époque nous nous sommes engagés dans
10 Hampâté Ba « Kaidara » : la vraie rencontre du vieux kaidara.
11 Jaurès (Cours de Pédagogie).
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l’enseignement pour un seul motif ; l’amour pour ce métier c’est-à-dire l’amour de notre chère patrie ; le désir de former des âmes neuves. Notre salaire de base était à 18000FCFA, pire le régime dictatorial a fragilisé le corps enseignant en le transformant en mendiant. Une dictature sans égale dans la sous région, les travailleurs étaient martyrisés ; les fonctionnaires faisaient trois(3) Mois sans salaire. C’était cauchemardesque ce régime, sans foi ni loi .Ils ont plongé ce beau-pays dans le marasme économique ; le chômage était le quotidien des citoyens. Ces mauvaises conditions poussèrent certains enseignants à prendre la retraite anticipée surtout les meilleurs enseignants de l’époque. Je me rappelle de : Kissima un bon maître du premier cycle ; Tandia un excellent maître d’anglais et de Sibiri un bon professeur de français j’en passe. Tous ces enseignants avaient pris une somme importante comme indemnité. Imaginez après avoir obtenu tant de millions comme récompense de leur travail ; beaucoup n’ont pas pu gérer convenablement leur argent. Soit pour acheter une vieille voiture ; ouvrir des boutiques ; prendre une seconde épouse ; faire de la gabegie. Tous ces millions se sont volatilisés ; ils se sont retrouvés dans la pauvreté. D’autres avaient abandonnés l’enseignement pour prendre le chemin de l’exil ; quelques uns sont partis dans les pays de la sous-région à savoir : la côte d’ivoire ; le Burkina Faso ; la Mauritanie ; le Togo ; le Bénin ; même le Gabon. Arrivés avec leurs diplômes ; ces pays les ont bien accueillis en les mettant dans les bonnes conditions. Raison pour laquelle ils ont pu former leurs cadres pendant des années. Certains sont devenus des citoyens de ses différents pays, car ils ont fait
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de bonne carrière. Ils ne sont plus revenus au pays. Au niveau de l’enseignement secondaire général et supérieur ; ceux qui avaient eu la chance de bénéficier une bourse d’étude vers les pays européens ne sont plus revenus. C’est ce qu’on appelle la fuite de cerveau ; à la fin de leur formation, ils ont été recrutés par les pays d’accueil afin de travailler dans les administrations ou dans les lycées et universités.
-Inza : Papa, je peux aussi raconter une histoire à mes enfants, de la même manière dont vous êtes entrain de me raconter tes aventures. En ce sens que j’ai souffert, pas comme vous, mais à ma manière dans la quête perpétuelle du savoir .Avant que je n’obtienne mon premier diplôme au fondamental. Vous le saviez bien. Mes camarades et moi avons parcourus des kilomètres pour se rendre à l’école .Le parcours se faisait à pied ; une longue marche que nous effectuons chaque jour du lundi au vendredi. Et cela depuis le fondamental jusqu’au lycée. Je ne peux m’emprcher de me ressouvenir comme si s’était fait aujourd’hui : Maman se levait tôt le matin pour nous faire le petit déjeuner. Je faisais mes toilettes, je m’habillais correctement avant de prendre la bouillie chaude qu’elle prépara. Nous prîmes ensemble le chemin de l’école sans répugnance, je ne suis jamais parti en retard et je faisais correctement mes exercices.
C’est comme ça que j’ai pu décrocher mon premier diplôme(DEF) pour avoir accès au lycée. C’est ainsi que vous m’aviez acheté mon premier vélo, qui m’a permis de faire la navette entre le lycée et la maison. Lorsque je suis admis au Bac à l’époque, toutes les
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universités du pays étaient dans la capitale. Vous avez jugé nécessaire que je sois héberger au campus, vous pouvez imaginer que chaque chambre comportait trente étudiants et dans les conditions les plus lamentables.
Le centre national des œuvres universitaires avait mis à la disposition des différentes facultés des bus. Ces bus ne respectaient pas les horaires, nous étions parfois obligés de marcher en passant le pont le plus long de Komaba en père peinard, pour être à l’heure avant l’arrivé du professeur.
L’internat était un quartier entier, tout ce dont tu avais besoin tu pouvais l’avoir sans souci. C’est de là-bas que j’ai appris pas mal de choses : j’ai appris à cuisiner ; à faire les lessives ; à faire les vaisselles .Et dans chaque chambre il y avait un responsable ; il établissait les règlements intérieurs de la chambre. Nous fûmes dans la chambre N°133 .Tout le monde nettoyait la chambre sans exception selon son emploi du temps ; y compris le responsable. La règle était respectée à la lettre, et son application stricte était le ressort de la police de surveillance mise en place par les membres de la chambre. Le mien s’appelait Daouda dit David le plus âgé et le plus sage de la chambre. Les trousseaux et les bourses venaient tardivement, on pouvait faire six mois sans sou. C’était la période de vaches maigres, l’argent que vous envoyiez n’était pas suffisant pour couvrir mes besoins .Les étudiants ne mangeaient que trois(3) plats : le petit déjeuner était la galette ; le déjeuner le (riz) mal cuit ; le dîner(le haricot ou le macaroni).Pour les inscriptions à la fac, les étudiants venaient tôt pour faire la
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queue ; si les bourses tombent aussi c’était la mrme queue. L’association des étudiants était la reine à la faculté, mais aussi à l’internat. Cette association imposait sa volonté sur les étudiants : soit tu te soumets, soit on te bastonne. La violence était notre quotidien, les leaders syndicaux avaient instaurés la terreur, la criminalité au vu et au su de l’Etat. Ces voyous étaient nos représentants, les gens sans foi ni loi.
Moriba : Comment sont-ils devenus vos leaders ?
-Inza : En réalité le choix n’incarnait pas la volonté des étudiants, c’est comme dans la politique, le vote qu’on organise au sein d’un parti pour élire le président ou le secrétaire général. Ce vote populaire ne reflète pas la réalité, un système mis en place pour nous imposer leur candidat. Ces vauriens ont été entretenus par le pouvoir en place ; on leur a donné tous les privilèges (voiture, maison, argent).A la fin de leurs formations ; ils sont nommés soit chargés de missions ; conseillers techniques. Certains ont bénéficié des bourses pour le cycle doctoral. Nous étions obligés de travailler d’arrache-pied pour terminer le plus rapidement possible nos études. Surtout nous les régionaux dont la plupart sommes issus d’une famille pauvre. En terme Marxiste les enfants des prolétaires.
-Moriba : Dans notre pays à l’époque, l’enseignement était un sacerdoce. Qu’en est-il de l’enseignement de nos jours ?
-Inza : Il rétorqua papa les temps ne sont pas les mêmes ; vous vous êtes sacrifiés pour la nation, tout en
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formant les hauts-cadres de ce pays. Certes le pays n’a pas été reconnaissant envers vous. Ces élites formées sont entrain de dilapider l’argent du contribuable ; ces mêmes personnes se moquent des enseignants. Combien d’année avez-vous consacré pour pouvoir construire une maison ? Vous avez eu toute la peine à nous nourrir, à nous loger, à nous habiller, à nous mettre dans les bonnes conditions. Papa c’est un conflit de génération ; je dirai que les enseignants ne doivent pas mettre l’argent en première position avant l’amour du métier .Mais ils ont également le droit de défendre leurs intérêts ; surtout avec l’évolution actuelle du monde ; ainsi que l’esprit du syndicalisme qui règne. Les enseignants commencent à connaître leur droit, imaginez les autres corps sont moins payés que les enseignants ; mais en si peu de temps ils font des grandes réalisations. L’enseignement est une profession comme les autres d’ailleurs ; il n’est plus un sacerdoce car ce mot étant d’origine catholique ; dans les églises les fidèles qui ont jugé nécessaire de se sacrifier pour une mission d’évangélisation étaient prrts et disposés à enseigner gratuitement. Mais en contrepartie l’église se chargeait exclusivement de prendre en
compte leur dépense (logement, nourriture et
habillement). Les enseignants ne doivent plus se faire piétiner par le pouvoir ; ils méritent les mêmes droits aux mrmes titres que les autres fonctionnaires de l’Etat.
-Moriba : Mon fils ; j’ai commencé avec un salaire de 18000f et je faisais correctement mon devoir sans problème ; mais aujourd’hui les enseignants sont les mieux payés.
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-Inza : Papa dans les années de l’indépendance jusqu’à une époque donnée ; la vie était moins chère, avec peu d’argent tu pouvais avoir ce dont tu avais besoin. Par exemple : avec 500F tu pouvais avoir un paquet de thé ; un carton de sucre ; un bidon d’huile. Mais aujourd’hui pour avoir un kilogramme de sucre il te faut 400f. Papa avant que vous ne partiez à la retraite, vous avez bénéficié de certains avantages, tout ça est le fruit du syndicalisme .Je m’en vais vous rafraîchir un peu la mémoire, avant l’accession de notre pays à l’indépendance le syndicalisme régnait. Certaines personnes étaient dévouées pour la cause des travailleurs ; mais ils sont restés dans l’anonymat.
-Moriba : Mon fils les enseignants d’aujourd’hui ne sont pas bien formés ; le suivi ne se fait pas correctement, il n’y a point de formation continue des enseignants. En plus les écoles privées ont largement contribué à la baisse de niveau.
-Inza : Papa on doit aussi remettre en cause les autorités compétentes : les décideurs doivent mettre un accent particulier sur la qualité de la formation dans les instituts de formation des maîtres ; sur la formation des formateurs ; sur la pertinence du programme.
-Moriba : Mon fils tu dis vrai ; comme on le dit dans nos adages : « la vérité est âpre à dire », tu as fais une remarque pertinente. Rien ne se fait correctement ; le jour où les inspecteurs devraient partir pour la supervision, aucun enseignant n’était informé, mrme le directeur d’école. N’importe quel jour, ils pouvaient faire une visite
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inopinée, tout le monde était sur sa garde. Et chaque fois il y avait la formation continue des enseignants. Je ne dirai pas que tout est à rejeter au sein de l’enseignement privé ; mais il faut revoir une fois de plus le contrôle (tant sur le plan de l’infrastructure que sur le plan de la qualité de l’enseignement donné).Les promoteurs d’école sont devenus des commerçants ; l’Etat les encourage dans ce sens. Les fils des pauvres partent dans les écoles publiques et ceux des riches partent dans les écoles privées. Le niveau des apprenants à largement dégringoler ; ces promoteurs d’écoles recrutent n’importe qui sans qualification professionnelle ; ni diplôme digne du nom. Notre pays était une référence dans la sous-région ; comme la Sorbonne fut pour les pays de l’afrique francophone. Notre pays est tombé ci- bas ; on fait parti des pays les moins cultivés ; les moins instruits ; les moins compétents. Surtout avec cette politique qui consistait à recruter les vacataires dans l’enseignement ; comme slogan : « chaque village une école ».La prise en otage de l’éducation par les décideurs ; l’école est politisée ; les élèves et les étudiants sont instrumentalisés par le régime en place. Certains parents d’élèves ont démissionné ; les enfants sont laissés à leur sort ; l’éducation au sein de la famille n’est plus compatible avec les exigences de la société. Mon fils à l’époque, dans un village tu verras trois ou quatre enseignants pour toute l’école de la (1ère année à la 6ème année).L’enseignant était un infirmier, un administrateur local ; écrivait et lisait des lettres .En un mot un homme respectable et respectueux. Je me suis consacré à l’enseignement toute ma vie ; je ne regrette rien ; quand bien mrme l’Etat ne m’a pas été
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reconnaissant. J’ai fait mon devoir de former des cadres de ce pays et de te former en tant que mon fils.
-Inza : Papa je te serais toujours reconnaissant ; vous n’avez ménagé aucun effort pour ma réussite.
-Moriba : D’accord fils le meilleur investissement c’est sans doute l’éducation de tes propres enfants. Si les enfants réussissent tu n’as rien à te reprocher mrme s’ils ne te donnent rien ils pourront se prendre en charge. En un mot ils vont enlevés une épine dans ton pied. Je me repose tranquillement avec mes petits enfants ; je dors bien ; je mange bien ; je fais correctement mes prières. Tous les fonctionnaires n’ont pas cette chance d’aller à la retraite ; beaucoup meurt avant l’kge requis pour la retraite. Moi j’en ai eu, donc je remercie le tout puissant.
Après les vacances son fils rentrera à Komaba et termine ses études ; il emboite les pas de son père en devenant un professeur des lettres.
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La rencontre avec Ousmane son ancien élève
Un beau jour ; Moriba était seul dans sa cour entrain de lire le coran ; il a reçu la visite d’un jeune homme. Bonsoir le vieux ; bonsoir mon enfant comment vas-tu ; je vais bien. Je suis de passage dans le quartier ; je suis venu avec mon équipe pour une supervision entrant dans le cadre de mon entreprise dont je suis le PDG. Vous m’avez enseigné au fondamental en 2ème année ; 4ème et 6ème année. Monsieur je vous remercie en toute honnêteté ; je pensai que vous étiez notre ennemi à l’époque ; bien au contraire nous avons été bien formé car je reçus une bonne formation de base .En fait je m’appelle Ousmane. Ah bon Ousmane tout va bien ! Je me rappelle maintenant ; tu étais le plus petit de la classe ; le plus turbulent ; mais aussi le plus intelligent. Ousmane, je pouvais donner ma main à couper que tu allais réussir sans doute. Et Djigui il fait quoi ? Après le lycée, Djigui est parti faire l’école de médecine, il est devenu médecin. Je suis vraiment ravi.
Monsieur merci une fois de plus ; j’ai une proposition à vous faire. Moriba rétorqua laquelle ?
Préparez-vous cette année je vais vous envoyer à la Mecque pour que vous accomplissez votre cinquième
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piliers de l’islam. Quoi Ousmane ? Je vais vous envoyer à la Mecque. Monsieur, je me rappelle bien ; vous ne cessiez de nous dire chaque fois en classe que vous aimeriez partir un jour à la Mecque. Je n’en crois pas sincèrement ; tu vas m’envoyer à la Mecque ? Oui Monsieur. Ousmane fait les nécessaires et prend en charges toutes les dépenses de sa famille à son absence. Trois(3) Mois plus tard le vieux Moriba ira au pèlerinage à la Mecque. De son retour sa famille organisa une grande fête ; tout le monde était comblé de joie. Moriba sera le sage du quartier ; un modèle ; une référence pour tout le monde.
Moriba disait ceci à son fils Inza : Mon fils ne fait pas de la politique ?
Mon fils la politique met l’homme dans le pétrin ; ça te pousse à mentir ; à tuer ; à voler. Ces trois(3) vices font que tu perds ta personnalité ; le sens de l’humanité. C’est pourquoi j’étais un grand lecteur ; un grand admirateur de la littérature africaine.
Amadou Kourouma n’avait-il pas dit dans son livre intitulé le soleil de l’indépendance que : « La politique n’a ni yeux ; ni oreilles ; ni cœur ; en politique le vrai et le mensonge portent le même pagne ; le juste et l’injuste marchent de pair ; le bien et le mal s’achètent ou se vendent au même prix »12.
-Inza : papa si tout le monde croise les deux(2) bras à ne rien faire au sujet de la gestion des affaires publiques
12 Amadou Kourouma « soleil des indépendances » ; P157.
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que deviendra ce pays ? Je pense que l’intellectuel que nous sommes tous ; nous devons faire de la politique.
-Moriba : Je ne vais rien faire encore j’attends mon dernier jour ; si je pense à Bodimo et ses compagnons de lutte qui ont conduit ce beau pays à l’indépendance .Mrme si j’étais jeune à l’époque notre pays n’allait jamais avoir un président si patriote que lui. Hélas ! Peine perdue ; il a été arrêté et emprisonné comme un voyou. Raison pour laquelle je te dis que la politique est décevante.
-Inza : Papa nous qui sommes de la nouvelle génération on peut donner un autre sens à la politique.
-Moriba : En quoi faisant ?
-Inza : la jeunesse constitue sans doute l’avenir de toute nation ; elle peut amener le changement en s’attaquant à la corruption en dénonçant l’injustice.
-Moriba : Certes c’est une bonne chose, mais je doute fort. La jeunesse actuelle n’incarne pas le changement ; car elle est mal formée ; une jeunesse insoucieuse dont l’étude est son dernier souci. En un mot une jeunesse qui ne lise pas, qui n’est pas informée, qui s’adonne à l’alcool et au sexe.
-Inza : Papa ; je vais vous redéfinir la politique. Selon un proverbe africain : « La politique est comparable à un bkton au travers de votre chemin. Si vous l’enjambez en le laissant derrière vous ; le premier insensé qui viendrait à passer par le mrme chemin s’en servira et vous l’assènera sur la trte. Alors, pour éviter d’rtre frappé par le bkton
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posé au travers de votre chemin ; ramassez-le. Dans votre sagesse ; vous le garderez sans faire le mal à personne ».Telle est ma conception sur la politique ; malgré l’immaturité de la jeunesse, certains font notre fierté. Ils se sont battus corps et âme pour le bien être de ce pays en occupant des postes de responsabilité ;en montrant des preuves sur tous les plans.
-Inza : Papa quand est-ce que la corruption à commencer dans notre pays ? Qui dirigeait ce beau pays ?
-Moriba : Mon fils ce sont les vieux qui commandent ; ce sont les vieux qui ont instauré le vol depuis des années.
-Inza : J’en ai fini Papa ; la gérontocratie a échoué. Il est temps que le pouvoir revienne à la jeunesse.
-Moriba : Non mon fils ; la jeunesse doit se battre pour prendre sa place ; elle doit se former davantage. Elle doit s’imposer à travers l’excellence. Mon fils il faut lire ; la lecture est la clé de la connaissance, je fais recours à la pensée de mon auteur préféré Amadou Hampâté Bâ : « Il faut oser, car l’audace est souvent un gage de succès sur cette terre où la filouterie est chose courante ».
Elle doit prendre sa place sous le soleil. L’heure de la mondialisation a sonné ; personne n’a plus droit à l’erreur soit tu deviens excellent ; soit on te bouffe. D’où cette pensée de Semou Pathé Gueye : « la mondialisation se présente comme un processus multidimensionnel et contradictoire sur lequel on ne peut
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pas fermer les yeux car il détermine déjà très fortement le contenu, l’orientation, le rythme et les modalités de la marche du monde »13. Elle pose à l’humanité tout entière des problèmes parfois inédits qu’elle doit résoudre obligatoirement. L’Afrique ne doit pas rtre hors de cette course ; elle doit y participer en devenant un acteur principal. La jeune africaine a de l’avenir car le développement de toute nation s’adosse sur sa jeunesse. Etant donné que l’Afrique est le continent le plus jeune. Cette jeunesse doit faire preuve de maturité intellectuelle.
-Inza : D’accord Papa ; vous dites vrai. La jeunesse n’a plus d’espoir ; ceux qui ont obtenu un diplôme n’arrivent pas à s’insérer dans la vie active ; même avoir un simple stage pose énormément de problème. Il faut rtre un bras long c’est-à-dire avoir une relation ; le népotisme ; le clientélisme et la gabegie constituent l’essence de notre chère patrie. Ceux qui ne sont pas alphabétisés prennent le chemin de l’exil en traversant les frontières pour aller chercher de l’argent derrière l’océan. Tant bien que mal en supportant la souffrance ; en bravant le froid ; en laissant derrière eux : leur famille, leurs frères et sœurs dans l’espoir de s’enrichir. Tous ses facteurs poussent parfois la jeunesse à être à la merci des politicards. La jeunesse a compris maintenant la réalité ; c’est pourquoi elle commence à s’organiser pour que le changement intervienne. Papa, je vous donne des exemples : le printemps arabe (la crise Libyenne ; Egyptienne ; Tunisienne) ; le départ de Blaise au Burkina etc. Tous ces grands mouvements ont été provoqués par
13 Un article d’EthioƉique n°64-65 (revue négro africaine de littérature et de philosophie.
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les jeunes ; notre pays va s’en servir pour amener le changement.
Le dernier grand changement qui a eu lieu dans notre pays remonte de loin ; ce changement était le fruit de la jeunesse. Une jeunesse qui a bravé la peur ; la mort ; pour que ce pays soit ; c’est pourquoi nul ne peut maitriser la ruse de l’histoire. Cette victoire fut détournée et volée au nom d’un système qui ne dit pas son nom ; la jeunesse a été mise sur le banc de la démocratie.
-Moriba : Tu as pu me convaincre mon fils. Tu es majeur ; la dernière décision te revient. Mon fils L’Afrique aura du mal à se développer ; tant que nous n’accepterons pas de travailler et d’rtre des patriotes au service de la nation. Nous devons travailler en toute honnêteté pour faire sortir le pays de l’ornière. Cela va de soi que chacun joue sa partition en devenant un responsable ; en défendant les intérêts suprêmes du pays .Malheureusement l’histoire de notre pays atteste que la corruption fait partie de notre ADN (acide désoxyribonucléique) ; le mensonge est devenu notre maître mot. De surcroît la religion n’est plus un modèle ; en ce sens que les leaders religieux sont devenus des politiciens ; ils ne jouent plus la mission divine. Spinoza avait dit ce propos dans son livre intitulé « traité théologico-politique » que : la politique et la religion ne doivent pas être mélangées en aucun cas. Car la religion est une institution à part et la politique en est une autre. Après soixante ans d’indépendance ; la plupart des pays africains sont en retard ; on n’arrive pas à emboîter le pas
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du développement. Alors que certains pays de l’Asie tels que : les deux(2) pays de Corée ; la Malaisie ; la chine ; le Singapour. Ces pays sont partis plus-bas que nos pays respectifs ; certes ils ont pu se développer.
Le miracle chinois n’est rien d’autre que le miracle du travail ; du patriotisme. Les africains peuvent et doivent prendre l’exemple sur la chine comme modèle de développement. Le développement doit être endogène ; on doit se contenter sur soi ²même en revalorisant nos produits intérieurs, en mettant en place le plan d’ajustement structurel. L’Afrique a des potentialités énormes en ressources humaines et en ressources minières. Mais hélas, ces richesses ne sont ni bien reparties et sont détournées pour d’autres fins. Certains pays avaient bien décollés économiquement en créant des usines, en renoua des partenariats avec les pays socialistes. Le socialisme était le régime politique qui fleurissait en Afrique, dans les années des indépendances. Surtout les pays de l’afrique subsaharienne (Le Sénégal ; Le Mali ; La Guinée etc.). Parce que nous avons compris que ce régime marchait avec certaines valeurs africaines. Diverses sections du rassemblement démocratique africain, union de partis africains francophones, sont apparentées au socialisme mais le RDA ne dispose, au cours de son existence, d’aucune doctrine ou idéologie commune. Mais l’histoire n’avait pas dit son dernier mot, cette euphorie du nationalisme ou du patriotisme n’a pas fait un long feu. Les pères des indépendances ont été hués ; maltraités .Il est temps que nous prenons en main l’avenir de nos pays. Personne ne viendra faire l’Afrique à
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la place des Africains ; nous devons nous lever avec nos maigres moyens pour booster le continent.
La corruption constitue un obstacle au progrès ; elle doit être endiguée sur tous les plans.
Nos pays sont les plus corrompus, la gestion des affaires publiques ne doit pas être de la même manière que celles de nos biens personnels. Toute la politique Africaine s’articule autour du tribalisme ; de la famille ; du parti au pouvoir ; de la malversation. Le passage du parti unique au multipartisme a été salutaire ; mais il a aussi provoqué le désordre ; la désobéissance ; et tous les autres maux que nous connaissons présentement. Le capitalisme en outrance fait que l’amour de la patrie n’est qu’un vain mot ; les gens deviennent de plus en plus cupides ; de plus en plus obsédés par le luxe. L’éducation moderne a pris le dessus sur l’éducation traditionnelle, les enfants ont perdus leur repère .Les parents ne sont plus responsables vis-à-vis de leurs enfants. Cette démocratie nous a détruit ; elle nous a fait oublier l’essentiel (nos valeurs ancestrales ; nos coutumes etc.).
Aujourd’hui nous ne sommes plus maître de nos décisions ; nos leaders ne peuvent rien décider ; le peuple est stigmatisé ; oublié ; maltraité. Nos Etats sont en crises multidimensionnelles : crise sécuritaire ; crise au niveau de l’éducation ; crise institutionnelle.
Inza était un grand admirateur de la philosophie et particulièrement des philosophes français. Il lisait beaucoup les œuvres de Voltaire et de Rousseau.
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Papa, je vais vous édifier sur le rapport qui existe entre un philosophe et un poète engagé. Les philosophes critiquent et dénoncent les tares de la société ; c’est ce que le poète engagé fait aussi. Pour une gestion parcimonieuse des revenus du pays, je dirai qu’il faut confier le pouvoir aux philosophes.
A l’antiquité, le philosophe grec Platon n’a cessé de réclamer le retour des philosophes à la commande du pays. C’est dans le mrme ordre d’idée que Voltaire et Rousseau apparaissent comme les pionniers de la révolution française de 1789.
Voltaire à travers son conte philosophique « Candide » : héros de l’un de ses contes les plus célèbres. « Il faut cultiver notre jardin », telle est la dernière parole que Voltaire met dans la bouche du héros.
Papa voulez-vous comprendre ce livre ?
Oui mon fils je suis un assoiffé du savoir ; on ne cesse jamais d’apprendre. Papa, Candide est un conte philosophique centré sur le problème du mal. Voltaire, au traves d’aventures mouvementées ; répond aux philosophes qui affirmaient que « tout était pour le mieux » sur la planète terre et que le mal dont nous sommes les témoins n’est que la condition nécessaire d’un bien. Candide commence sur la peinture d’une petite société, la famille du baron de Thunder-ten-tronckh qui vit repliée sur elle-même dans un bonheur tranquille. Pangloss, le philosophe, trouve dans cette quiétude la confirmation de ses thèses selon lesquelles « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».Ce microcosme fermé au monde
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extérieur représente pour voltaire l’univers du mauvais philosophe ; penseur qui construit un système dans lequel il s’enferme sans prendre la peine de regarder ce qui se passe autour de lui. Mais voltaire distingue le mal d’origine naturelle, comme les tremblements de terre ou la maladie, et le mal d’origine humaine, comme la guerre ou les persécutions suscitées par l’intolérance. Pour lui, si l’homme ne peut que subir le mal d’origine naturelle, il doit éviter d’y ajouter le mal d’origine humaine. « Cultiver notre jardin », pour voltaire, c’est donc travailler pour restreindre les effets des maux naturels et faire tout pour ne pas y ajouter des maux d’origine humaine. Le mal d’origine humaine provient le plus souvent de l’intolérance à propos de questions qui dépassent notre entendement .L’homme ne doit pas se perdre dans des querelles métaphysiques, et cela d’autant plus que ces débats qui commencent par des mots se terminent presque toujours les armes à la main. La formule « il faut cultiver notre jardin » nous invite donc à éviter les discussions vaines et à leur préférer l’action. Il faut éviter, en particulier, les interminables discussions sur l’au-delà pour se consacrer seulement à ce qui constitue « notre jardin », cette petite planète terre qui est notre bien commun.
-Moriba : Mon fils merci pour cette clarification sur le conte philosophique de voltaire.
Il reprend la parole par cette expression : L’enseignement est le métier le plus noble du monde ; car c’est le don de soi ; l’amour pour les enfants et l’amour du métier. Mon salaire je l’ai mérité sans tricherie et ma
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pension peut me prendre en charge jusqu’à la fin de ma vie.
Il achève le dialogue par cette citation : « Enseigner c’est se former ; s’informer ; former des âmes neuves ; former la nation pour un avenir meilleur ».
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Table des matières
Première partie
-Dédicace 2.
-Remerciement 3.
-Epigraphe 4.
1-Une journée exceptionnelle à Nirowa 7.
2-Les feuilletons de Djibril Djan 9.
3-Les premiers pas de Moriba 15.
4-Les tracasseries autour de son inscription à l’école 18.
5-Son parcours scolaire 20.
Deuxième partie
6-Le mariage de Moriba 32.
7-Débuts de carrière
professionnelle 33.
8-Fin de carrière et ses expériences personnelles 41.
9-Les échanges entre Moriba et son fils Inza 43.
10-La rencontre avec Ousmane son ancien élève 54.
Réservation des droits d’auteur.
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