À la découverte de la philosophie de Paulin Hountondji.
Philosopher à tout moment.
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COURS EN LIGNE
Objectifs:
Ce blog est un outil pédagogique, qui s’inscrit dans le cadre de l’apprentissage philosophique.Ce qui va permettre aux candidats en classes de Terminales de se familiariser avec des concepts philosophiques,tout en facilitant leur compréhension.
Objectif général
Ce programme virtuel est spécifiquement conçu par Yaya DABO Professeur d’Enseignement Secondaire général, Chargé des cours de Philosophie au Lycée technique de Ségou.Les modules d’enseignement sont basés sur le programme officiel en philosophie ,en ciblant des grandes lignes et des petits détails.Une manière de les aider à corriger certaines difficultés et lacunes qui peuvent les empêcher de mieux comprendre les notions philosophiques.
Objectifs spécifiques
-Rehausser le niveau des candidats .
-Permettre aux candidats de mieux comprendre les concepts philosophiques .
-Permettre aux candidats de mieux aborder un sujet de dissertation philosophique.
-Permettre aux candidats d’aborder avec aisance le commentaire de texte philosophique.
PAULIN Hountondji
INTRODUCTION
Le thème de notre recherche s’intitule « Réflexions sur les limites de la pensée de Paulin Hountondji ». Notre préoccupation est avant tout de faire connaître la pensée des philosophes africains et de la philosophie africaine à tout public intéressé, en abordant des thèmes intéressants qui suscite une longue réflexion sur les limites de la pensée de Paulin Hountondji. Tout en montrant certaines zones d’ombres dans sa réflexion, qui montrent ses insuffisants au sujet même de ce débat philosophique Africain.
La jeunesse africaine devrait tirer profit du contact avec la littérature philosophique du continent africain pour participer aux débats destinés à réfuter, confirmer ou enrichir des positions antérieures défendues par des penseurs Africains. C’est pour permettre à tout Africain qui veut vraiment philosopher et disposer des conditions favorables à un dialogue authentique et fécond que nous présentons Paulin Hountondji. En tant philosophe, nous voulons apporter notre pierre de touche à l’épanouissement du continent tout en abordant ce thème : « Réflexions sur les limites de la pensée de Paulin HOUNTONDJI ».
Quelles sont les limites de la pensée de HOUNTONDJI ?
Quelle est l’orientation de la philosophie Africaine d’aujourd’hui ?
Ces problématiques ainsi posées, nous permettront d’apporter notre analyse et notre critique sur la pensée de Hountondji. Par philosophie africaine, nous voulons désigner tous les penseurs du continent africain, auteur d’une littérature philosophique.
Il nous a fallu procéder à un choix, en tenant compte des moyens d’information dont nous disposions. Nous tentons à travers notre différente lecture sur Paulin Hountondji, de mener une recherche, sinon une analyse sur les limites de sa pensée sur la philosophie africaine, des philosophes africains et l’avenir de la philosophie pour les Africains. Par philosophe africain Hountondji, voulait designer uniquement les penseurs du continent africain, qui seront auteurs d’une littérature philosophique.
La question de l’existence et la non existence d’une philosophie africaine a été une préoccupation dominante des intellectuels africains qui tentent aujourd’hui de constituer une philosophie africaine propre et de la participation dominante des intellectuels africains. Pas pour réserver uniquement la philosophie aux occidentaux, mais de faire venir la philosophie africaine sur les pieds, en dépassant les illusions sur cette philosophie africaine. Comme certains penseurs africains se sont illustrés par leur prise de position fracassante contre les idées soutenues par les Ethnophilosophes.
Nous devons faire l’examen des conditions requises pour l’émergence d’une véritable philosophie africaine, l’existence sur le problème des transformations culturelles et au sens le plus large sur la question politique pour le développement rapide de l’Afrique et ses institutions.
Le journal « étudiant noir », Paris ,1934-1940, le grain était déjà semé et des réactions allaient naître, c’était l’essentiel a son temps. « L’étudiant noir » journal de combat, avait pour objectif la fin des tribalisassions, du système clanique en vigueur au quartier latin.
Au delà de la négritude comme la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait. Et ensuite vient s’ajouter la fin de la deuxième guerre mondiale .L’africain en particulier, le monde entier en général voulait plus de l’autonomie et de liberté. Malgré l’idée avancée par le savant Allemand Frobenius en 1906 qu’il existait vraiment une civilisation africaine portant d’un bout à l’autre du continent noir, partout nous reconnaissons un esprit, un caractère, une essence semblable. Cet ensemble de caractéristique forme le style africain.
Tempels investit à une mission civilisatrice, veut à travers son œuvre « la philosophie bantoue » redonné à l’Africain la qualité d’homme. Echoué dans sa mission, Tempels investit dans une recherche ethnologique, fait croire aux africains qu’ils ont une philosophie et une ontologie dans la métaphysique bantoue. La parution de cet ouvrage a suscité des divisions dans l’intelligentsia africaine. Ceci va entrainer des positions confuses au sein de la philosophie africaine. Ce travail a soutenu un effort de réflexion, de comparaison, d’analyse et de recherche en général. Afin d’approfondir la recherche sur la question de l’existence d’une philosophie africaine. Ajoutons aussi que nous avons voulu que cette recherche sur la philosophie africaine soit une préoccupation dominante des intellectuels africains. C’est pourquoi nous avons attiré l’attention sur plusieurs chapitres .L’essentiel des idées de Paulin Hountondji est confronté à celles des autres penseurs, afin de vous donner un résumé assez succinct. Le titre donné à chaque chapitre permet de circonscrire le débat et facilite l’enchaînement des idées.
Nous avons divisé notre travail en quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous vous ferons part de l’historique de la philosophie africaine. Dans le deuxième chapitre nous allons essayer de faire une présentation de la pensée de Paulin Hountondji .Dans le troisième chapitre, nous vous apportons une critique sur la pensée de Paulin Hountondji. Dans le quatrième chapitre, vous faire un entretien sur l’orientation originelle de la philosophie africaine.
1-2-ITINERAIRE DE PAULIN HOUNTONDJI
Né à Abidjan en 1942, Paulin Hountondji est un philosophe Béninois. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Paris .Il a eu comme professeurs de grands nom de la philosophie comme Louis Althusser, Jacques Derrida, Paul Ricœur et Georges Canguilhem. Agrégé de philosophie, docteur ès lettres. A partir de 1967, il commence a enseigné la philosophie à l’université de Besançon. Il a également enseigné dans les universités africaines, l’université de Kinshasa de Lubumbashi (Ex. Elisabethville).
En 1972 il est nommé chef de la chaire philosophie de l’université nationale du Bénin où il est aujourd’hui encore en tant que professeur de philosophie. Il est membre fondateur du conseil interafricain de philosophie(CIAP). Après avoir élaboré une thèse sur Husserl, il a fait des travaux remarquables sur la philosophie et la pensée africaine, travaux dans lesquels il récuse fermement l’attitude qui consiste à appeler « philosophie » la vision du monde d’un peuple donné. En 1974, il est nommé Doyen de la faculté de Lettres de l’université de Cotonou .Il a contribué à la démocratisation des pays africains en général et du Bénin en particulier en développant des critiques virulentes contre les dictatures Militaires. Ministre de l’éducation au lendemain de la conférence nationale, puis ministre de la culture et de la communication, ensuite chargé de mission du président de la République Mathieu Kérékou. Il démissionne en Octobre 1994 pour reprendre ses enseignements. Son activité académique est intense et de renommée internationale. Co-lauréat du prix Mohamed Fasi 2004 .Il dirige à Porto-Novo le centre africain des hautes études. La version américaine de son livre sur la « philosophie africaine » : critique de l’ethnophilosophie, Maspero 1976 a été couronné en 1984 du prix Herskovits.
L’ouvrage figure sur la liste des 100 meilleurs livres africains du 20ème siècle établit, à Accra en 2000 .Il a été vice-président du conseil International de la philosophie et des sciences Humaines. Hountondji homme politique, lors de son intervention à Bamako, où il assistait à la 6ème édition du festival Etonnants Voyageurs ; il s’est livré à une réflexion radicale en ce qui concerne l’impossibilité génétique de l’intellectuel à s’occuper de la gestion de la chose publique. Il disait ceci : « La gestion de la chose par les intellectuels africains, je n’y crois pas3 », déclare Hountondji. Hountondji met en doute la capacité des intellectuels Africains en général pour la gestion des choses publiques. Paulin Hountondji fait sans doute la classification des intellectuels à savoir : Les intellectuels patriotes, les intellectuels vendus, les intellectuels honnêtes et exigeants et des intellectuels opportunistes qui sont prêts à se vendre au plus offrant. Hountondji démissionne de ses postes, pour enfin reprendre l’enseignement. Selon ses propos, il aurait dû perdre son temps en occupant les postes ministériels car dans le gouvernement les ministres sont obligés de se soumettre en ce qu’on appelle la solidarité gouvernementale, même si tu n’es pas d’accord avec un collègue, tu dois te soumettre, au chef c’est la soumission totale.
Arriver à un niveau, on ne peut plus supporter. Pour qu’il ne ruine pas avec ses principes, il est parti, tout en jetant les éponges. Parmi ces livres nous pouvons citer :
Remarques sur la philosophie africaine contemporaine, article paru dans la revue Diogène, 1970, N°71.
Economie et Société au Bénin, Paris, éd L’Harmattan, 2000.
3 (En ligne), http:/WWW. Le quotidien .SN /articles /article. CFM, (le 28 Novembre 2006
2-1-NOUVELLE DEFINITION DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE SELON HOUNTONDJI
Hountondji dans son projet de pensée africaine envisage une nouvelle définition de la philosophie Africaine à partir de son sens académique pour en déduire une éventuelle possibilité pour les Africains de répondre aux normes internationales dans le champ philosophique. Si nous abordons le mot « nouvelle définition » cela sous-entend que notre auteur met en cause une définition qui avait déjà été donnée par les « Ethnophilosophes », notamment (Tempels) et les Tempelsiens (Kagamé, N’Daw).
A partir ce constat, il nous donne une première définition de la philosophie, selon laquelle est « Philosophie toute sagesse individuelle ou collective, tout ensemble de principes présentant une relative cohérence et visant à régir la pratique quotidienne d’un homme ou d’un peuple13 » .En un mot, au sens vulgaire tout homme est naturellement philosophe ainsi que toute société. Par contre si nous faisons allusion au sens fort du mot « philosophie », nous affirmons qu’elle est une discipline théorique spécifique ayant ses exigences propres et obéissant à des règles méthodologiques déterminées. Vouloir ramener la philosophie à une vision unanimiste, collective serait de caricaturer son sens, réduire cette dernière à une ambition personnelle. Hountondji a l’espoir d’affirmer à haute voix, sans ambages que notre philosophie est à venir. En ce sens que la philosophie doit être considérée, sinon appréhendée dans son sens actif et non de façon passive, tout en se détachant de ce système clos du monde.
La nouvelle perspective consistera à faire une recherche sans cesse vers l’idée du dépassement de ce système dans lequel l’univers conceptuel africain se trouve confiné. Mais aussi et surtout à renforcer la rencontre entre les intellectuels Africains à travers les débats, les discussions qui peuvent s’étendre sur les problèmes les plus cruciaux pouvant hypothéquer le développement de l’Afrique. Hountondji pense qu’il y a certains nombres de tâche qui incombent aux penseurs Africains. Parmi ces tâches nous pouvons retenir aujourd’hui l’organisation des débats c’est-à-dire un débat autonome qui n’a rien à voir avec celui de l’Europe, mais plutôt une « Intelligentsia »Africaine qui fera l’objet d’une rencontre des intellectuels. Hountondji tente de définir ce qu’il entend par philosophie africaine : « J’appelle Philosophie africaine un ensemble de textes, l’ensemble précisément, des textes écrits par les africains et qualifiés par leurs auteurs eux-mêmes de philosophiques 14». La philosophie ne saurait être dernière nous, elle est devant nous. Notre philosophie est donc à venir, une recherche inquiète des problèmes, cette dialectique inlassable qui produit accidentellement les systèmes pour les dépasser aussitôt, pour un horizon sans cesse fuyant de vérités nouvelles. La philosophie africaine, pas plus qu’aucune philosophie, ne saurait être une vision du monde collectif.
13 Paulin HOUNTONDJI, Sur la philosophie africaine, Paris, éd Maspero, 1977, P11.
14 Ibid., P39.
Elle n’existera comme philosophie que sous la forme d’une confrontation de pensées individuelles, d’une discussion, d’un débat. Ce n’est pas en abordant des thèmes africains, que nous allons attribuer le titre de philosophie africaine mais surtout à une appartenance géographique de ceux qui la produisent. Pour renforcer ce passage, Hountondji affirme que : « le meilleur africaniste européen, reste toujours un européen, même s’il a inventé la philosophie africaine 15 ».Par contre un philosophe africain qui réfléchit sur Platon ou sur Marx et qui assume sans complexe l’héritage théorique de la philosophie occidentale pour l’assimiler et le dépasser, fait œuvre authentiquement africaine. Dans ce passage, notre auteur veut montrer comme nous avions eu à le dire plus haut que le qualificatif africain de la philosophie est exclusivement réservé au sang, il faut être inéluctablement un Africain, et en plus faire des écrits qui seront soumis à l’appréciation du grand public africain. Les Ethnophilosophes cherchaient la philosophie là où elle n’était pas. Le préjugé unanimiste, collectif ne s’aurait constitués en soi une philosophie authentique. Une telle analyse faite par les Ethnophilosophes est appelée « Philosophologie ».Hountondji considère la philosophie comme une « méta philosophie »16 c’est-à-dire une réflexion philosophique sur des discours eux-mêmes ouvertement, consciemment philosophiques. Cette façon de procéder atteindra son but justement par le fait que les nouveaux penseurs doivent récuser leurs prédécesseurs, ainsi que leurs contemporains tout en les approfondissant et les dépasser.
La Méta philosophie ne saurait être une réflexion inconsciente, comme le voulait les Ethnophilosophes. La philosophie africaine existe, mais en un sens nouveau : au sens d’une littérature produite par des Africains et traitant de problèmes philosophiques.
Cette littérature est appréhendée comme une littérature philosophique. Hountondji exclu d’ores et déjà la production des penseurs Européens comme une partie non intégrante de cette littérature philosophique .Notamment le livre de Tempels sur la « philosophie Bantoue », mais prend en compte le livre de Kagamé. Hountondji trace une ligne de démarcation entre les auteurs Africains et les non Africains. Malgré ce livre immense de Tempels qui a joué un rôle prépondérant, donnant ainsi naissance à un débat philosophique qui appartient sans doute à la littérature scientifique Européenne, ainsi que l’Anthropologie et tout ce qui s’en suit sont des avatars de la science occidentale. Le « Consciencisme » de Kwamé Nkrumah bien que ce livre recèle des velléités ethnologique d’une philosophie collective en fait partie de la littérature philosophique africaine. Le livre de Boulaga, « Bantou problématique », Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, Stanislas Spéro Adotévi Négritude et Négrologues, Senghor, Négritude ou Servitude.
15 Ibid, P48.
16 Ibid, P65.
Dans le même ordre d’idées ; notre auteur mentionne le nom D’Antoine Guillaume Amo, qui étudia et ensuite enseigna dans les grandes universités Allemandes pendant la première moitié du 18ème siècle, comme faisant partie de la littérature philosophique africaine.
Hountondji élargit à cette définition et veut l’étendre à une « Histoire »17, oui la philosophie est une histoire et non un système, histoire par le fait qu’elle renferme un savoir méthodique. Cette pratique de la réflexion philosophique doit se reposer en amont sur une méthode, sur un système, sur un vocabulaire et tout un appareil conceptuel que nous ne pouvions modifier, tout en se situant sur une tradition théorique existante. Si nous regardons avec Hountondji en ce qui concerne le mot « système » au sens rigoureux du terme, comme un savoir clos, comme une vérité indépassable, elle ne saurait en aucun cas être un système. Mais plutôt un débat sans cesse rebondissant, qui se transmet de génération en génération dans lequel chaque penseur intervient pour y apporter sa pierre de touche. Vouloir dire que la philosophie est histoire et non système, c’est aussi dire qu’il n’y a pas de philosophie collective, comme pensait les Ethnophilosophes est une aberration grossière de leur part.
Boulaga va dans le même sens que Hountondji en ce qui concerne la définition de la philosophie. Pour ce dernier il se pose des questions ; Pourquoi on revendique le droit à la philosophie ? Pourquoi s’évertuer à affirmer ou à « démontrer » que la philosophie fait partie de son héritage culturel et des activités aux quelles on se livre dans le présent ? Boulaga en conclut que cette activité réflexive qui est la philosophie est une partie inhérente de l’homme car elle est le propre de l’homme en tant que animal parlant, raisonnable. Raison pour laquelle il dit ceci : « revendiquer la philosophie, c’est donc réclamer son dû, exercer son humanité et exiger qu’elle soit reconnue »18.
Il est évident pour Boulaga de dire que :( ni Dieu, ni les anges, ni les animaux) ne s’adonnent à la philosophie. Elle est une activité spécifiquement humaine sans distinction du temps, du lieu, de la race d’aucune sorte. De ce constat on affirme avec Boulaga qu’on n’ apprend pas la philosophie dans le néant, mais plutôt en s’adonnant à l’étude des grands penseurs ,en se mettant à leur école en un mot c’est en philosophant qu’on devient philosophe, une longue application avant de songer à se suffire.
2-2-LA CRITIQUE DE L’ETHNOPHILOSOPHIE
Le débat sur l’existence ou la non existence de la philosophie africaine ne fait plus l’objet d’une discussion .Pour Hountondji cette problématique doit être dépassée. Le mot ethnophilosophie a vu le jour suite à la parution du livre « philosophie Bantoue »par le Révérend Père Placide TEMPELS un missionnaire au Congo Belge. C’est de là que notre auteur a puisé sa source d’inspiration en ce qui concerne la philosophie africaine critique de l’ethnophilosophie. Ce livre a joué un rôle éminent dans la prise de conscience des penseurs africains sur la philosophie. Avant Tempels les intellectuels africains ont procédé à fournir un effort de lucidité pour philosopher. Mais la tâche nous incombe de demander à savoir si cette façon de procéder par Tempels ou par certains intellectuels Africains était de la philosophie ou non philosophie.
Hountondji appellera la pensée de Tempels de l’« ethnophilosophie », terme qui qualifie une variante de la pensée qui n’est ni de l’ethnologie, ni de la philosophie mais plutôt de l’ « ethnophilosophie ». Hountondji va procéder à un désensorcellement de l’idéologie Tempelsienne, par une longue lecture méticuleuse de la « philosophie bantoue » développée par Tempels, tout en apportant une critique sévère. Hountondji s’oppose à l’idée qu’on s’est faite de la philosophie à partir de son sens vulgaire du terme que « tout le monde est philosophe »4 qu’il s’agit d’avoir une pensée collective ou individuelle qui vise ou qui porte sur une pratique quotidienne d’un peuple pour prétendre la taxer de philosophie.
La philosophie est une discipline théorique comme la physique, la chimie ayant ces critères et des méthodes spécifiques. Hountondji affirme qu’il y a une parenté entre la philosophie et les sciences, dans la mesure où la philosophie peut être appréhendée comme un discours théorique et peut se situer au même niveau que l’algèbre, la géométrie, la mécanique, voire la linguistique5.Si nous nous en tenons à récuser les disciplines scientifiques l’idée d’être inconsciente, nous devons également récuser l’idée d’une « philosophie » inconsciente, collective, sinon la reléguer au second plan comme coupée de l’histoire et du progrès.
Suite à une analyse poussée de notre auteur, qui arrive bien sûr à montrer son caractère idéologique, avec la mise à la lumière du grand public que ce livre n’était pas destiné à nous, mais plutôt au public européen ,pour leur faciliter leur « mission civilisatrice 6».
La preuve en est que Tempels dit ceci : « quiconque veut étudier les primitifs ou surtout les primitifs évolués, doit renoncer à parvenir à des conclusions scientifiquement valables, tant qu’il n’a pas pu pénétrer leur métaphysique(…) 7. » Tempels dans ses lignes ne saurait cacher son ambition civilisatrice, son caractère européocentriste. Hountondji adresse un vibrant appel à ceux-là qui font l’apologie de nos cultures en emboitant le même pas que Tempels comme preuve de notre identité font fausse route.
4 Paulin HOUNTONDJI, Sur la Philosophie africaine, Paris, Maspero, 1977, P 39-40.
5 Idem
6 Ibid., P42.
7 Placide TEMPELS, Philosophie Bantoue, Paris, P .A, 1945, P16.
Au lieu de penser sur des choses nouvelles en tenant compte de nos problèmes d’aujourd’hui et de demain, nous voulons coûte que coûte défendre nos civilisations, à partir des contes, des légendes, des proverbes, pour en faire une interprétation afin d’en extraire la substantifique moelle, en leur attribuant des contresens, en les déformant.
Ce processus ne saurait constituer en soi un pas décisif vers une « véritable philosophie » 8.Un autre Abbé du nom de Alexis Kagamé fait une parution à travers son livre intitulé « philosophie Bantoue-rwandaise de l’être », s’oppose apparemment à son homologue, pas de façon radicale, mais au fond ils restent toujours en connivence, il est resté prisonnier de ce mythe, de cette vision commune du monde .Kagamé demeure dans le même projet que son homologue qu’est le « Weltanschauung » en un mot une vision commune des bantous, Kagamé ne fut pas le seul à y rester, mais surtout certains penseurs Africains qui se sont engouffré dans la même logique que les « Ethnophilosophes », tout en voulant défendre les valeurs traditionnelles Africaines comme preuve identique. Kagamé se propose de contrôler le bien fondé de l’hypothèse de père Tempels, tout en procédant par une analyse grammaticale rigoureuse d’une langue bantu (le Kinyarwanda).Kagamé est resté toujours en connivence avec Tempels. Kagamé se propose de contrôler le bien fondé de l’hypothèse du Père Tempels qui a grand renfort de force vitale à conçu une philosophie Bantou. Kagamé avec une étude grammaticale de la langue affirme que la langue est sans contexte la meilleure formulation, la plus explicite de cette philosophie, le chemin le plus sûr est sans doute la langue comme moyen qui peut faciliter la diffusion de la culture. A la différence de Tempels, Kagamé opte pour le terme de philosophie intuitive chez les « Bantou » au lieu d’une philosophie instruite systématiquement. Kagamé trouve dans le «Kinyarwandais» des concepts qui peuvent être comparable à la catégorie aristotélicienne. Mais les insuffisances de Kagamé se limite à quatre catégories dans le « Kinyarwandais » à reconnaître (Umuntu, Ikintu, Ahantu, Ukuntu).Kagamé lui-même a eu tort de penser que le modèle aristotélicien et Thomiste était superposable au territoire ontologique « Bantu rwandais » et d’écrire de l’ontologie sur fond d’une culture impersonnelle, sans sujet, réappropriée comme le discours de tous les Rwandais. Kagamé est beaucoup plus nuancé que Tempels non seulement par sa méthode Aristotélico-thomiste, mais il montre également aucun terme ne désigne en « Kinyarwanda » l’âme, ni l’homme est vivant. Les choses Ibintu en Kinyarwanda des êtres non intelligents, qui s’opposent à la conception de l’homme, Umuntu dont le pluriel est abantu qui désigne l’existant d’intelligence.
Aimé Césaire apporte sa contribution en ce qui concerne la critique de l’ethnophilosophie il dit ceci : « (…) mais, attention !vous allez au Congo ?respecter, je ne dis pas la propriété indigène(les grandes compagnies Belge risquant de prendre fort mal
8 Paulin HOUNTONDJI, Sur la Philosophie africaine, Paris, Maspero, 1977, P45.
la chose), je dis : vous allez au Congo, respecter la philosophie bantoue !...) en somme, un coup de chapeau à la force vitale bantoue et vous êtes quitte !(…) 9».
Aux yeux de Paulin Hountondji cette critique ne fait pas long feu, car Césaire détourne le vrai problème et s’attarde à voir sous l’angle politique notamment à la réalité de l’exploitation coloniale. Césaire s’en prenait de son propre aveu, « non pas à la philosophie bantoue, mais à l’utilisation que certains, dans un but politique, entreprennent d’en faire 10».Cette critique de la négritude se situe au même diapason que l’ethnophilosophie constitue en soi une phase opératoire, un moment décisif pour la Philosophie africaine. Pour Hountondji la Négritude se situe au même niveau que l’ethnophilosophie, recherche d’une philosophie collective, immuable, commune à tous les Africains, sous son aspect inconscient. D’autres critiques en furent faites à TEMPELS. Grégoire BIYOGO fait un rétrospectif sur l’ontologie Heideggérienne dira que selon Tempels les Bantu auraient-ils en héritage un Etre particulier, qui serait différent de l’Etre en tant qu’Etre universel. Tempels confond la nature des Bantu et Etre comme l’avait fait les présocratiques qui ont décrit la nature à la place de l’Être.
En utilisant le terme d’ « Ethnophilosophie » ; Marcien Towa veut montrer que l’ethnophilosophie n’est rien d’autre qu’un mouvement de réaction ; tout comme la négritude sa devancière .L’ethnophilosophie semble prendre pour de la philosophie ; l’intégralité de la culture (mythes ; contes ; proverbes ; magies ; cosmogonies et sagesse).
Heidegger souligne que la question de l’Etre a été oubliée. A la lumière de la pensée de Heidegger, Tempels n’a pu, au meilleur des cas, et en lui concédant la plus grande sympathie, que décrire la parole vitaliste de la nature en pays Bantu.11 L’ethnophilosophie serait un discours ethnocentriste, lyrisme ethnographique barré par son caractère antiévolutionniste, le discours de Tempels renonce à la philosophie stricto sensu pour un programme typiquement missionnaire. Le but de l’ouvrage de Tempels pour Mamadou Lamine : homme d’église expose avec le paternalisme des coloniaux, les raisons qui l’ont poussé à écrire son ouvrage. L’ouvrage s’adresse aux coloniaux de bonne volonté qui veulent entreprendre un quelconque projet afin de les faciliter les voies et moyens pour la civilisation, la christianisation. Tempels entreprend une destruction méticuleuse de ce que nous avons appelé « La construction du nègre » et la construction d’un autre édifice ; à la place du primitif prélogique, il établit un primitif philosophe12. Le terme « ethnophilosophie » a été employé pour la première fois par Marcien Towa dans son livre intitulé « Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle », ce mot ne signifie ni l’ethnologie, ni philosophie mais plutôt une méthode à mi-chemin entre les deux. Mamadou Lamine fait de l’ethnophilosophie l’objet d’un discours dogmatique, à la fois unanimiste.
9 Aimé CESAIRE, Philosophie Africains par les textes, In 1978, P52.
10 Paulin HOUNTONDJI, Sur la Philosophie africaine, Paris, Maspero, 1977, P20.
11 Grégoire BIYOGO : Historien de la Philosophie ;Spécialiste de Derrida et de Rorty écrit dans son livre Histoire de la Philosophie africaine Livre 4 ,fait un retour à Heidegger, tout en faisant une articulation avec Tempels.
12 Mamadou Lamine TRAORE, Philosophie et Géomancie, Bamako, éd Donniya, 2007, P30.
Dans ce discours tout le monde est d’accord avec tout le monde, sans contradiction, ni critique à son égard. Tempels aurait voulu se mettre à la place des Bantou pour penser, en partant justement de sa pensée pour la répandre au nom de tous les Africains sans discussion. Étant donné que la philosophie est une activité spécifiquement individuelle, aucunement on ne saurait penser à la place de quelqu’un d’autre. Dès lors Tempels fait fausse route, tout en exhibant son projet de missionnaire, et de civilisation. La philosophie bantoue apparait selon Hountondji comme du mythe ; qui sera démystifié afin de libérer le discours conceptuel philosophique Africain.
2-3-LES ROLES DES PHILOSOPHES AFRICAINS D’AUJOURD’HUI
Réfléchir sur l’Afrique à partir de son histoire et de sa réalité actuelle constitue l’épine dorsale des philosophes africains d’aujourd’hui .Le mot « aujourd’hui » nous renvoie à la réalité de l’Afrique présentement, les problèmes auxquels les Africains sont confrontés actuellement. La question nous reste à savoir si toute fois les philosophes peuvent-ils jouer un rôle ou ont-ils une responsabilité face aux problèmes qui minent le progrès du continent africain ? L’implication des philosophes est quasiment importante pour jeter les bases d’une analyse, mieux une réflexion cohérente quand à l’avenir du continent africain. Ainsi le philosophe apparaît comme un porte parole de sa société. Les philosophes sont toujours en avant-garde en ce qui concerne les débats à la question de son retard de développement politique, économique, social, culturel etc. D’autres philosophes s’accentuent sur la colonisation, la traite nègrière comme cause de ce retard. C’est pourquoi le Muntu apparaît chez Boulaga comme le philosophe, l’intellectuel ironiste engagé au sein de la société.
Muntu n’est plus seulement citoyen des nations, mais davantage celui des grands blocs, celui de la planète …Sa communauté est celle des penseurs qui recherchent des réseaux de solidarité en vue d’une insertion sociale dynamique et de l’émancipation des hommes et des êtres concrets, écraser par toutes sortes de servitudes41. Le philosophe décrie le problème lié au système éducatif notamment nos universités sont en crise, la crise de l’Etat-Nation, le problème lié à la démocratisation en Afrique. Boulaga par sa critique, repense à un acte inaugural qui à été un moment décisif de notre histoire en un mot de l’histoire africaine est sans doute les conférences nationales souveraines.
Boulaga projette un regard fulgurant à ce phénomène qui a constitué une période de transition, du moins un tremplin pour la majeure partie des pays africains.
Mais les résultats escomptés sont voués à l’échec ,car les clauses n’ont pas été respectés par certains pays, comme le cas du Congo Brazzaville, du Bénin, du Mali sont des illustrations qui montrent les promesses non tenues par les leaders de la transition, ensuite une autre vérité qui résulte de cette conférence souligné par les philosophes sont l’irréversibilité de ce processus historique qui a fait passer l’Afrique de l’Etat Léviathan à un processus de démocratisation du continent africain .C’est ce qui pousse Boulaga à dire ceci : « Les conférences nationales souveraines ont pour enjeux de créer un nouveau contrat social et de garantir les conditions irréversibles de l’alternance politique42.».
41 Explication donné par Boulaga sur le Muntu considéré comme le philosophe engagé dans la société, abordé par Biyogo, Histoire de la philosophie africaine, livre 4, Gabon, L’Harmattan, 2006, P50.
42 Cf., Grégoire BIYOGO, Histoire de la philosophie africaine, livre 4, Gabon, L’Harmattan, 2006, P158.
Ce qui montre sans doute que l’histoire a donné raison aux philosophes avec quinze ans de transition allant de 1990 à 2005 ; furent un véritable fiasco dans la gestion du pouvoir. Cette conférence devait servir de support pour le continent de rompre avec notre histoire passée, qui nous a toujours échappées.
L’intervention de Thierry EKOGHA dans un acte de colloque « Revue de l’enseignement et de la Recherche philosophiques en 2011 », nous appuie dans ce débat sur l’Afrique à l’épreuve elle-même. Montre que les événements fastidieux comme le colonialisme et l’esclavage ont accéléré son retard, les dirigeants africains doivent revoir le partenariat avec l’Europe. C’est pourquoi Charles Romain Mbélé aux tenants d’une Afrique qui se doit absolument de s’arrimer au risque de ne plus être elle-même : « De quel droit l’Afrique doit-elle persévérer dans la voie sacrificielle de l’ajustement au marché universel alors qu’il produit toujours davantage de pauvres, d’Africains qui vivent et mangent mal, ne sont pas logés décemment ,ne sont ni soignés ni scolarisés, vendent le meilleur de leurs produits pour recevoir les déchets et les restes des autres 43».
L’Afrique doit se poser la question de son rapport à elle-même, à sa propre actualité et, partant, de son exigence d’être autre et différente.
Le philosophe Camerounais Marcien Towa, apparaît comme un philosophe africain actuel, non seulement par son ton qui vise à amener une nette transformation au niveau de la pensée africaine, mais aussi et surtout voulait établir une nouvelle pensée qui s’orientera sans doute vers la transformation de l’homme africain en profondeur. Ce que les Africains doivent faire c’est de chercher à tout prix, de posséder le secret des blancs.
Il faut absolument s’emparer de ce secret pour sortir de la maille de l’histoire, de la torpeur. C’est pourquoi Towa affirme que : « Révolutionner la condition présente du soi signifie donc en même temps révolutionner l’essence en soi, ce que le soi a en propre, ce qu’il a d’original et d’unique, entrer dans un rapport négatif avec le soi44 .» .
Towa veut montrer sans doute l’engagement de récuser le passé, accepter l’autocritique enfin d’envisager les voies et les moyens pour s’affirmer dans un nouveau rapport dans lequel le soi trouve son compte. Le soi pour s’affirmer, pour s’assumer doit ignorer son passé, en ce sens pour mieux viser le futur en un mot l’autre, s’assumer comme l’autre est le seul moyen de ne pas être possédé par l’autre. Pour mieux illustrer cette citation, Towa fait recours à la Chine comme un modèle à travers le mouvement du 4 Mai piloté par les jeunes, qui récuse la morale de Confucius dont elle reposait sur trois principes (la subordination du sujet au souverain, du fils au père, de la femme au mari).
43 Cf. Thierry EKOGHA, « pensée critique et devenir des sociétés. Examen des philosophies africaines de
L’ajustement à la mondialisation », P115.
44 Marcien TOWA, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, Yaoundé, éd clé, 1971, P41.
Le mouvement envisage une nouvelle société chinoise fondée sur le principe de la démocratie et de la science. Towa pense que les Africains peuvent les imiter, pour en radicaliser le passé en vue d’instaurer une nouvelle société africaine sur des nouvelles pensées. Nous devons aborder des thématiques relatives au sous-développement du continent africain, qui par ailleurs s’explique par plusieurs facteurs à la fois endogènes et exogènes. L’Afrique a besoin de la nouvelle technologie afin d’emboiter les pas des grandes puissances .L’époque moderne est dominée de fond en comble par des avancées scientifiques et technologiques. L’Europe a su que le développement dépend en grande partie des innovations scientifiques. Ce qui leur a poussé à entreprendre des grandes découvertes scientifiques.
Au 16ème siècle le Polonais Copernic établit que la terre tourne autour du soleil ,et non l’inverse .Au siècle suivant ,l’Italien Galilée reprend les travaux de Copernic et crée en 1609 sa première lunette astronomique, dont il se sert pour observer les astres ;découvrir les satellites de Jupiter et les anneaux de saturne .En 1687 ;l’anglais Newton reprenant les travaux de Kepler ;découvre la gravitation universelle. Au 17ème siècle, en France, Pascal met au point la première machine à calculer. La remise en question des théories jusque là admises bouleverse également la médecine :
En 1543, le médecin Flamand Vésale publie un livre d’anatomie richement illustré ; élaboré à la suite de dissections sur le corps humain, ce qui permet d’en comprendre l’organisation. Léonard de Vinci, savant universel, s’intéresse à la mécanique et à la physique .Il crée des machines révolutionnaires dans leur principe. Les Etats africains ne doivent ménager aucun effort afin de mobiliser les ressources nécessaires, si possible doivent allouer un fond annuel pour la recherche scientifique.
La jeunesse doit être informée sur les enjeux réels des recherches scientifiques et de leurs impacts sur le développement du continent .Les pays asiatiques sont des modèles de développement pour le continent africain, et plus précisément la chine. La république populaire de chine qui, après leur révolution culturelle a invité les grands professeurs américains et européens dans les universités chinoises .Leur appui a été considérable et le fait d’attribuer des bourses d’études postuniversitaires aux meilleurs étudiants.
Nos Etats utilisent des milliards pour acheter la technologie(les ordinateurs ; les tablettes ; les téléphones androïde ; l’internet…).Nous ne sommes que des grands imitateurs ; aucune invention africaine. Combien d’enfant meurt de paludisme en Afrique, de malnutritions, des maladies mortelles ?
L’indépendance du continent ne doit pas être que politique ; mais économique et scientifique. D’où cette pensée de Marcien Towa : « Déterrer une philosophie dite ancestrale ; ce n’est pas encore philosopher ; la philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturelle à une critique sans complaisance ». La libération de L’Afrique passe par le développement de la science et de la technique.
Nous devons aussi aborder la question de gouvernance ; le rôle de la société civile ; le respect de la constitution ; la mondialisation ; l’analyse de la démocratie ; la question sécuritaire ; lutte contre la corruption ; la malversation et l’injustice .Les réponses à ses problématiques constitueront les grandes lignes de la nouvelle orientation à donner à la politique africaine.
2-4-La mauvaise gouvernance freine le développement en Afrique :
Elle nuit à la transformation structurelle des économies africaines .Lors de la conférence économique africaine(CEA), dont la 12ème édition vient de se tenir à Addis Abeba en Ethiopie. Organisé par la banque africaine de développement(BAD) ; l’évènement a réuni du 4 au 5 décembre 2017. D’éminents experts qui se sont penchés sur l’impact et le coût de la mauvaise gouvernance sur la croissance continentale. Les gouvernements africains ont été donc appelés à placer la gouvernance au cœur de leurs programmes en vue de la transformation structurelle affective des économies africaines.
En ce sens ; l’Afrique se doit de trouver par elle-même des solutions réalistes à ses problèmes de gouvernance .D’où cette pensée : « En dépit des progrès économiques réalisés ces dernières années ; la gouvernance demeure un grave problème en Afrique(…). A titre d’exemple ; l’on observe que la mauvaise gouvernance entraîne de mauvaises élections ; qui ; par ricochet fragilisent les institutions ; notamment la justice ; et entrave l’égalité des chances en Afrique .Avec ses énormes potentialités ; la région aurait pu compter parmi les plus prospères de la planète ».
Les structures de contrôle des actions gouvernementales doivent être renforcées :
Le pouvoir législatif :
Dans un système démocratique véritable ;il revient au pouvoir législatif de contrôler le pouvoir exécutif .Cette mission ne peut être efficacement réalisée que s’il y a une véritable séparation de pouvoir entre l’exécutif et le législatif .En outre ,lorsque le chef de l’exécutif est issu du même parti que celui de la majorité au parlement ,quel que soit le régime du pays ,les critiques des actions gouvernementales par les députés sont mitigées.
La bonne gouvernance :
Elle suppose notamment, le respect de l’état de droit, des droits de l’homme ; de la transparence dans la gestion de la chose publique et l’obligation de rendre compte.
La pratique de la bonne gouvernance impose à tous ceux qui sont investis d’un mandat public l’obligation de rendre compte de l’affectation, de l’utilisation et des ressources publiques qu’ils ont eues à gérer et de l’exercice de leur mandat .La mauvaise gestion ; les détournements des ressources publiques à des fins personnelles et la corruption avérées doivent être sanctionnées.
Pour que ces conditions soient remplies ; il est nécessaire que le pays dispose :
D’un système judiciaire efficace et indépendant pour pouvoir sanctionner les gouvernants notamment et faire respecter l’Etat de droit ;
D’une société civile mobilisée pour pouvoir dénoncer les abus des gouvernants ; traduire et défendre les aspirations des différentes composantes de la société et favoriser la cohésion sociale ;
Un secteur privé efficace pour la création des richesses et des emplois.
Le pouvoir judiciaire :
Le système judiciaire est l’ensemble des règles et mécanismes juridiques dont l’objectif est de dire le droit. La cour constitutionnelle incarne le pouvoir judiciaire car elle veille à la régularité des consultations électorales, à la légalité et constitutionnalité des actes administratifs ; des lois et règlements ; à la séparation du pouvoir entre l’exécutif ;le législatif ;le judiciaire et juge de l’excès de pouvoir.
Le rôle de la société civile :
En droit ; on appelle société civile ; une société non commerciale soumise au droit civil.
En sociologie ; pour un pays ; une nation ; la société civile est l’ensemble des acteurs ; des associations ; des organisations ; des mouvements ; des groupes d’intérêts… plus ou moins formels, qui ont un caractère non gouvernemental et non lucratif .Elle constitue une forme d’auto-organisation de la société ou initiatives citoyennes en dehors du cadre étatique ou commercial. Ses objectifs sont fondés sur l’intérêt général ou collectif dans des domaines variés : sociopolitique, solidaire, humanitaire, éthique, juridique, environnemental, scientifique, culturel etc. Selon Larry Diamond ; Professeur de sciences politiques et de sociologie à l’université de Stanford (Etats-Unis) « la société civile est le domaine de la vie sociale organisée qui se fonde sur le volontariat ; la spontanéité ; une autosuffisance ; l’autonomie vis-à-vis de l’Etat qui est lié par un ordre légal ou un ensemble de règles communes ». Le Mali a entamé une transition démocratique en 1991 en modifiant sa constitution et en instaurant le multipartisme, la liberté de presse et d’association .Le pays s’est toutefois heurté à de nombreux problèmes ; tant dans la mise en place concrète de la démocratie que dans l’adaptation de ce système politique à la société malienne. Pour les bailleurs, l’existence d’une société civile au Mali semble acquise ; même si ; paradoxalement, elle est toujours en construction. Les ONG présentées comme les figures de prou de la société civile constituent effectivement l’un des partenaires les mieux organisés de l’Etat .Le nombre important d’occidentaux parmi les leaders de ces organisations pose également problème dans la mesure où le recours croissant aux grandes ONG comme partenaires de l’Etat ne favorise alors que partiellement l’émergence d’une société civile autochtone .La politique nationale est guidée par les plans d’ajustement structurel établis par les bailleurs de fonds occidentaux .En outre ;l’un des partenaires privilégiés de ces institutions (et de l’Etat Malien) représentant cette « société civile » sont les ONG pilotées par des coopérants internationaux .
Cela nous ramène aux débats sur les facteurs endogènes et exogènes de la politique en Afrique. Cette société civile malienne présente, par la volonté des institutions internationales et par le rôle des ONG, un profil très exogène.
Le respect de la constitution :
Le non respect de la constitution serait la vraie cause des différents coups-d’Etats en Afrique ; nos leaders veulent s’éterniser aux pouvoirs par tous les moyens.
Historiquement les nouveaux Etats de l’Afrique noire francophone sont déjà dotés d’une constitution lorsqu’ ils font leur rentrée dans la communauté internationale .Du fait des conditions de leur décolonisation, le constitutionnalisme est étroitement associé à leur naissance. Il a permis aux gouvernements métropolitains de dégager leurs responsabilités selon un processus qui excluait tout vide juridique .Il a servi aux nationalistes africains à légitimer leur volonté d’autonomie, à leur conférer un titre à gouverner, tout en assurant à leur pays une identité politique formelle.Quelques Etats ont donné l’exemple d’une relative stabilité constitutionnelle .Mais cette longévité est due essentiellement à une conception peu contraignante de la suprématie constitutionnelle .L’histoire récente de plusieurs pays a montré d’ailleurs que leur stabilité constitutionnelle n’était qu’apparente : ce n’était pas la constitution qui était stable ; mais le chef de l’Etat. Lorsque ce dernier a été éliminé ; la constitution fut elle-même condamnée à disparaitre .Son sort était lié à celui de chef de l’Etat dont elle avait servi à légitimer l’autorité .Elle était sa constitution ; instrument de la personnalisation du pouvoir ; mais aussi victime de cette personnalisation.
Montesquieu « De l’esprit des lois » ; définit les lois dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ; et ; dans ce sens tous les êtres ont leurs lois, la divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois ; les bêtes ont leurs lois ; l’homme a ses lois.
Montesquieu nous donne deux lois fondamentales :
Les lois de la nature :
Avant toutes ces lois, sont celles de la nature, ainsi nommées, parce qu’elles dérivent uniquement de la constitution de notre être .Pour les connaitre bien ; il faut considérer un homme avant l’établissement des sociétés .Les lois de la nature seront celles qu’il recevrait dans un état pareil. Dans cet état, l’homme songerait à la conservation de son être, avant de chercher l’origine de son être.
Les lois positives :
Sitôt que, les hommes sont en société ; ils perdent le sentiment de leur faiblesse, l’égalité, qui était entre eux, cesse et l’état de guerre commence.
Les types de gouvernement :
Montesquieu établit trois espèces de gouvernements : le républicain ; le monarchique, le despotisme.
Le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple ; a la souveraineté puissance.
Le monarchique est celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies.
Le despotique est celui qui dirige sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices.
Montesquieu est un théoricien de l’Etat libéral .Frappé par cette constitution anglaise qui assure la liberté ,animé par le respect de la personne humaine ,il prône la séparation des pouvoirs et fonde, après Locke le libéralisme .Cette doctrine politique protégeant la liberté des citoyens par la limitation des pouvoirs de l’Etat .Montesquieu pense que la séparation des pouvoirs législatif ; exécutif et judiciaire garantissant l’équilibre des puissances ,est le plus sûr moyen d’écarter le despotisme dont le principe est la crainte ;la monarchie fondée sur l’honneur et la république s’appuyant sur la vertu. Montesquieu apparaît comme un fondateur de la science politique moderne.
La mondialisation :
La mondialisation, ce mouvement d’appropriation de la terre par l’homme, s’amorce probablement il y a quelques millions d’années, dans ces temps obscurs où, en Afrique orientale, notre ancêtre Lucy émerge de l’animalité plus tard l’homme, devenu, en ce cœur de l’Afrique Homo sapiens il y a entre 100000 et 300000 ans, commence ses interminables migrations et se répand peu à peu sur toute la planète.L’homme, ce perpétuel migrant se fixe avec la révolution du néolithique et le développement de l’agriculture (-4000 à -2500).Il a alors pour horizon son village et son voisinage immédiat.
Un espace mondial unique : depuis la fin de la seconde guerre mondiale ; trois bouleversements contribuent à l’établissement d’un espace mondial unique .Mais cette unification produit fragmentations, rivalités et conflits.
La décolonisation
Un système mondial d’échanges
L’écroulement des modèles d’autosuffisance
L’explosion des flux
La mondialisation ou la globalisation se définit comme le processus par lequel l’ensemble des activités humaines sont entrainées dans une expansion qui cesse d’être administrée par une logique locale, pour être administrée par une logique dont les tenants et les aboutissants se situent à l’échelle globale de la planète.
Elle est aussi un nouveau concept qui réunissent tous les peuples en un seul Etat, obéissant aux mêmes règles, consommant au propre et au figuré le même produit. Ces exemples cités, montrent à suffisance que la mondialisation implique l’Afrique sur tous les plans.
Les africains doivent être des acteurs de la mondialisation ; car son développement dépend aussi de l’économie. A savoir l’exploitation des ressources naturelles(or ,diamant ,cuivre ,bauxite ,uranium ,pétrole),ainsi que certaines matières premières telles que : le coton ,l’arachide ,le café ,le cacao…
Certains secteurs doivent être valorisés comme(le commerce ; l’industrie ;la pêche…).
Tout n’est pas rose dans la mondialisation ; nous devons chercher à les maîtriser afin de prendre des dispositifs. Parmi les côtés néfastes nous pouvons retenir :
L’enrichissement du monde et l’internationalisation des acteurs
La dislocation des règles et des contrôles
Une frénésie d’innovations financières pour manipuler des sommes croissantes
La connexion des marchés.
Mondialisation et Conflit :
Les conflits à domination économique
Les conflits entre ceux qui s’insèrent et ceux qui ne s’insèrent pas
Conflits autour de l’exploitation des ressources de la terre
Conflits à dominante politique
Vers un affrontement mondial des civilisations.
Mondialisation et développement :
Le développement est un dépassement continu et perpétuel, un processus sans fin renouvelable. Au même moment, nous sommes dans le futur, dans le présent et dans le passé.
Le développement exige la conciliation de ces trois temps à priori inconciliables .Or, nous remarquons que dans les pays sous-développés, en voie de développement ou en développement, ces trois temps sont rarement maîtrisés simultanément .Très souvent, seul le présent est conjugué, le futur appartient à Dieu et le passé enterré. Raison pour laquelle la chaîne du développement est toujours rompue quand survient un petit incident ,qu’il soit économique ,politique, social ou culturel .
De ce fait ,la mondialisation peut apparaître comme un vecteur de développement .On dit que le monde est devenu un « village global »,ce qui signifie que les frontières n’existent plus ou presque .Cependant, cette mondialisation économique et la libéralisation des échanges rapprochent les nations .Aucun continent n’est épargné par cette globalisation qui repose sur quelques principes uniformément appliqués quelles que soient les circonstances.
Raison pour laquelle Semon Pathé Gueye disait ceci : « la mondialisation est un processus multidimensionnel et contradictoire sur lequel on ne peut pas fermer les yeux » ; car elle détermine déjà très fortement le contenu, l’orientation, le rythme et les modalités de la marche du monde.
La mondialisation est une garantie de développement. Dans la mesure où elle apparait comme un processus d’uniformisation de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. Il n’ ya plus de frontière entre les nations ; aucune nation ne peut se suffire véritablement ; qu’elle aurait toujours besoin du secours de ses voisins. Elle implique tous les secteurs (économie ; transport ; communication ; éducation ; technologie…).
La mondialisation nécessite l’abolition des frontières ; le transfert des compétences ; l’uniformisation des données.
Les objectifs visés par la mondialisation sont :
L’internationalisation qui permet une libre circulation des biens et des personnes.
La globalisation qui vise à transformer le monde en un gros village implique l’usage de l’anglais comme langue, une idéologie le libéralisme ; une monnaie le dollar et un système politique la démocratie.
L’enrichissement du monde et l’internationalisation des acteurs : Cette poussée de mondialisation naît d’abord de la croissance des trente glorieuses (1945-1975).De nouveaux besoins, de nouvelles possibilités prennent corps. Du côté de l’offre, l’enrichissement des sociétés occidentales accroît certes la consommation mais aussi l’épargne.
La dislocation des règles et des contrôles : Désormais, la valeur des monnaies est établie par les marchés et donc ne cesse de varier en fonction de l’offre et de la demande. La déréglementation visant à supprimer, dans les domaines internationalisés ou ayant vocation à l’âtre (finance, notamment) ; toutes les règles limitant la concurrence tant interne qu’externe.
Une frénésie d’innovation financière pour manipuler des sommes croissantes : Depuis que l’argent existe, les préoccupations de ses manipulateurs restent les mêmes : le faire circuler et fructifier (par le prêt, le crédit…) ; se prémunir contre les risques de telles opérations .Seuls changent les montants impliqués et les technique ; le principe étant toujours le même : se servir du temps ; anticiper les évolutions.
La connexion des marchés : La connexion des marchés est imposée par ces pressions formidables pour rendre aussi fluide que possible la circulation de l’argent. En quelques secondes, en quelques minutes ; les capitaux se déplacent d’une entreprise à un autre .Cette globalisation financière n’est pas créée par la technique qui n’est qu’un instrument, mais elle est formidablement facilitée par elle : introduction de l’ordinateur dématérialisation des titres ; des machines de transfert automatique, réseaux de transmission de données ; diffusion de la carte de crédit.
Mondialisation et Paix :
Nous sommes condamnés à vivre ensemble en groupes, en familles, en communautés, et de façon générale, dans les frontières entre Etats .Cette condamnation à vivre ensemble ne peut se réaliser que dans les conditions d’une paix réelle et non pas dans la barbarie dévastatrice, c’est-à-dire que cette destinée des peuples ne se réalisera pas dans des conditions où la paix est constamment menacée par le danger que constituent la guerre, les conflits internes de plus en plus violents.
La paix est un facteur de la mondialisation dans la mesure où les hommes échangent il faut nécessairement un climat confortable .C’est pourquoi la mondialisation fait tout pour que la paix soit une réalité. Avec la mise en place de l’organisation des nations unies(ONU) est l’organisation internationale chargée d’assurer la paix, la sécurité et la coopération entre tous les pays du monde.
Exemple : l’opposition entre Israël et les pays arabes depuis 1948 .En 1978, Israël envahit le bilan voisin .L’ONU envoie alors une mission chargée d’établir la paix. Le cas du Mali en 2012, l’envoi des forces de l’ONU sur notre sol.
Les côtés négatifs de la mondialisation :
Anne Cécile Robert fait une analyse pertinente sur l’impact de l’échange sur l’Afrique.
Selon elle ; la perversité du libre-échange sur le continent noir se traduit notamment par l’obligation d’orienter la production vers l’exportation alors que les pays en cause ont des besoins internes criants et non satisfaits : il serait donc plus logique de chercher à développer de marché intérieur. Dans le domaine agricole ; les cultures d’exportation imposées par la logique d’insertion dans le marché mondial, ont pénalisé les cultures vivrières. Les conséquences ; prévisibles, sont dramatiques pour les populations : pénuries alimentaires et même famines (notamment dans les zones fragiles du sahel) ; accroissement de la dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère ; etc. Cette transformation déstabilise le milieu rural et l’appauvrit. Au Sénégal ; le développement de la culture de l’arachide a fait l’objet de nombreuses critiques ; en particulier dans les années 1970 en raison de ses conséquences sur les cultures vivrières et des risques liés à la monoculture.
La spécialisation des économies ne crée pas ; contrairement à la théorie ; un avantage comparatif permettant aux pays du Sud de rivaliser avec les pays du Nord.
Il faudrait pour cela donner les moyens aux Etats d’Afrique de construire cet avantage comparatif qui n’a rien de spontané et de naturel. Une nécessité que François partant avait bien démontrée et que les règles uniformes du commerce international ne permettent pas de satisfaire.
En outre, compte tenu de l’asymétrie des pouvoirs, la spécialisation se révèle un piège qui accroît la vulnérabilité des économies africaines, devenues très dépendantes des marchés mondiaux où s’effondrent régulièrement les prix du coton ; du café ou du cacao. Dans cette perspective ; l’ajustement structurel et les prescriptions de la mondialisation libérale s’inscrivent dans la logique coloniale d’extraversion des économies au profit des puissances dominatrices et conformément à leurs intérêts .Selon Aminata Dramane Traoré : « Détrompons-nous : nous ne sommes pas pauvres ; nous sommes appauvris et leurrées. Et l’issue au marasme et à l’humiliation est la lutte contre le système néolibéral ; lequel sécrète et orchestre la rareté qu’il prétend » .
La mondialisation a d’ailleurs renforcé le fossé qui existe entre le riche et le pauvre. Elle met aussi un accent particulier sur la recherche pernicieuse du profit, qui serait de faire l’éloge du capitalisme en outrance.
2-5-Une analyse pertinente du régime démocratique :
-Historiquement ; le grec Solon (640-558) Av-JC serait à considérer comme le « père de la démocratie » : c’est au cours de son voyage en Egypte qu’il a connu pour la première fois cette notion d’égalité entre les êtres humains .Solon répartit les citoyens en classes selon leur richesse : les plus riches participent aux choix politiques. C’est durant son apprentissage que Solon a lu des documents qui parlaient de la démocratie et du droit de grève .Sur une inscription datant de la 6ème dynastie, il lut que le peuple, ne supportant plus les augmentations d’impôt décidées par le parlement demanda la compréhension du pharaon. Celui-ci donna des instructions à son ministre des finances : Ma majesté ordonna de ne pas lever l’impôt.
A L’antiquité méditerranéenne ; la démocratie prend ses racines principales dans les réformes engagées autour de la cité d’Athènes dans la Grèce antique autour du 10ème siècle av-J-C .Bien que la démocratie athénienne soit considérée comme ayant été une forme de démocratie directe ; elle faisait coïncider deux organisations politiques très différentes :
Une Boulé regroupant environ 500 citoyens tirés au sort ; chargés de recueillir les propositions de loi présentées par les citoyens ; puis de préparer les projets de loi ;
Une assemblée des citoyens(Ecclésia) ; exemple type de la démocratie directe.
-Dans le contexte africain : le discours a été prononcé par le président de la République française François Mitterrand ; le 20 Juin 1990 dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France auquel étaient invités 37 pays africains et qui s’est déroulée dans la commune française de la Baule. Le discours de la Baule invite les pays d’Afrique à lancer un processus de démocratisation sous peine ; dans le cas contraire ; d’être privés du soutien du Nord.
Ce discours marque une étape importante dans les relations entre la France et l’Afrique .Les passages clé du discours relient l’aide publique importante en pleine crise de la dette à une ‘ démocratisation’ par un passage au ‘ multipartisme ‘ :
« La France liera tout son effort accomplis pour aller vers plus de liberté ; il y aura une aide normale de la France à l’égard des pays africains, mais il est évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui franchiront avec courage, ce pas vers la démocratisation… ».
Selon Roland DUMAS ; ce discours se résume ainsi : « Le vent de liberté qui a soufflé de l’Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud(…) il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement ».
Le discours de la Baule est la partie visible d’un iceberg ; celui d’un processus enclenché en 1989 autour de la chute du mur de Berlin. En pleine crise de la dette des pays africains ; alors que les populations africaines commencent à se révolter dans un certain nombre de pays (Bénin ; Gabon etc.) et que cela pourrait continuer de se diffuser ; alors que commence ensuite les premières conférences nationales ;un processus de passage des partis uniques au multipartisme a été mis en œuvre.
La sécurité en Afrique :
L’insécurité grandissante au sahel doit nous interpeller en tant que philosophe ; nous devons apporter une réflexion critique pour jaillir la lumière.
Le sahel expression qui désignera les territoires des Etats membres du G5 Sahel confronté à une crise sécuritaire majeure mêlant rébellions de bandes armées ; insurrections djihadistes ; coups d’Etat ; trafics illicites de drogue ; d’armes et de migrants. La chute de Mouammar Kadhafi en 2011 qui a débouché sur un relâchement de la surveillance des frontières et sur une mise en circulation d’une quantité considérable d’armes et l’éclatement de l’Etat Malien ont été les éléments déclencheurs d’une crise sécuritaire latente. Aujourd’hui ; cette montée en puissance de l’insécurité constitue une source d’inquiétude aussi bien pour les Etats de la région que pour la communauté internationale. L’Europe est notamment concernée par le risque migratoire et le risque sécuritaire. La France est particulièrement impliquée dans cette région du fait, en partie ; de son passé colonial. Ainsi, en 2013 l’opération serval était lancée pour aider au rétablissement de l’Etat le plus « avancée » de la région et soutenir la mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali(MINUSMA).Si cette bataille militaire a été un succès ;elle n’a pas permis de gagner la bataille politique .L’opération Barkhane a donc pris le relais en 2014 : 4000 soldats français sont actuellement déployés pour lutter contre la menace terroriste au sahel .Il s’agit cette fois de donner une dimension régionale à la lutte contre les groupes armés en impliquant également les pays voisins du Mali avec la création du G5 sahel ;et de viser à une stabilisation durable de la région avec le pilier développement de cette organisation(Mali ;Burkina ;Niger).
Malgré l’engagement soutenu et les investissements significatifs des partenaires internationaux et région ; des Etats de la région, la situation du sahel n’a pourtant cessé de se détériorer au fil des ans. Les populations civiles sont les premières victimes de violences perpétrées, en toute impunité ; par des acteurs variés ; à commencer par des groupes criminels ; ainsi que par des éléments des forces de défense et de sécurité nationales et régionales. 2020 a ainsi été l’année la plus meurtrière pour les civils ; avec près de 2440 morts du Burkina ; au Mali et au Niger ; selon les dernières données d’ACLED ; et à l’échelle des trois pays ; plus de civils et suspects ont été tués par des militaires pourtant censés les protéger que par des groupes djihadistes. Près de deux millions de personnes ont dû fuir leur foyer à cause des violences dans trois pays du sahel centre ; un chiffre multiplié par 20 en deux ans. Six déplacés sur dix sont des enfants et environ 13 millions de filles et de garçon sont privés d’éducation.Après le coup d’Etat qui a renversé le régime démocratique du président Ibrahim Boubacar Kéita. La junte a jugé nécessaire de changer de partenaire ; en portant leur dévolu sur d’autres partenaires comme la Russie. Ce choix n’a pas été approuvé par la France ; elle pense que le Mali doit toujours rester dans la dépendance politique ; économique et militaire. Le premier Ministre issu du mouvement de 05 Juin qui a accéléré le départ du président déchu ; a mené des démarches qui consistent à braver la France et les organisations africaines et sous-régionales. Sanctionné par ses voisins sous la pression occidentale ; le Mali était sous l’embargo pendant plusieurs mois. Aucun changement n’est possible sans sacrifice ; sans une volonté politique. Ce partenariat avec la Russie leur a permis de neutraliser plusieurs terroristes et de faire plusieurs interpellations.
Quelques mois après ; les autorités de la transition ont décidé de faire une rupture des accords de défense avec la France. Ce qui va pousser un sénateur français Christian Cambon a déversé sa bile sur le Mali ; le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des affaires étrangères. Il était l’invité de l’émission « Bonjour chez vous » sur public sénat (chaîne de télévision politique et parlementaire dont l’unique actionnaire est le sénat français).L’émission a eu lieu le 09 Mai 2022 ; cette déclaration est la suivante :
« La junte issue du coup d’Etat a dénoncé la totalité des accords militaires qui unissent le Mali à la France…Cette rupture des accords repose sur des raisons stupides. La France aurait utilisé l’espace aérien du Mali sans prévenir… » ! Voici la raison de la colère de Christian Cambon. Il a nié le charnier découvert près du camp de Barkhane à Gossi en accusant la milice Wagner. Les milices Wagner ; pilotées par la Russie ; ont tenté un coup en essayant de monter un faux charnier. Des malheureux sont morts et ils ont tenté d’enterrer ces gens comme si les forces françaises les avaient exécutés. Et par chance ; nous avons un certain nombre de satellites qui circulent dans le coin et qui ont pu démontrer cette manœuvre grossière. Disait toujours le sénateur. Visiblement agacé par la tournure des évènements ; il est vite tombé dans l’arrogance avec des menaces contre notre pays « je pense que le Mali payera très cher le fait de s’être séparé de manière aussi violente des forces françaises qui ; pendant huit ans ; ont assuré la souveraineté du pays », a-t-il menacé.
lutte contre la corruption ; la malversation et l’injustice :
Le népotisme ; la malversation ; la corruption ; le clientélisme et la gabegie constituent un vocabulaire assez fourni pour stigmatiser le mal africain.
Tous ces vocables puisent à la même source : l’homme. La corruption est un phénomène de société. En Afrique ; presque personne n’y échappe .Intellectuels et analphabètes ; gouvernants et gouvernés ; urbains et ruraux ont contribué ; pour la plupart ; à l’érection de la corruption en « civilisation » ; les uns étant les corrupteurs et les autres les corrompus. Etre civilisé, c’est savoir corrompre ou savoir être corrompu. Véritable endémie savamment entretenue par les administrations publiques ; la corruption est souvent très mal comprise par nos populations .En Afrique, on a toujours voulu faire croire que la corruption n’existait qu’au niveau des dirigeants et des administrateurs ; innocent du coup le paysan qui n’a alors pu prendre conscience du gouffre dans lequel il plongeait son pays .Il a sacrifié son avenir sans le savoir et pire ; souvent dans la contrainte. Il est temps que les mécanismes de la corruption soient explicitement expliqués à nos masses laborieuses.
Le paysan n’est pas meilleur au chef d’arrondissement ou à l’agent des eaux et forêts ou au Ministre qui reçoit de lui quelques billets de banque pour tordre la vérité ; pour arranger une situation malsaine ou illégale ou pour avoir une faveur quelconque. Le commerçant qui donne un million de franc à un douanier pour passer frauduleusement une frontière ;ou qui offre cinq cent mille francs à un inspecteur des impôts pour ne pas payer trois millions de francs à l’Etat ;ne vaut pas mieux que le douanier ou l’inspecteur. Il n’ ya pas de corruption sans corrupteurs et corrompus.
Voler l’Etat, ce n’est pas voler, c’est être béni. Cette idéologie ; il faut le dire, a été encore entretenue par certains intellectuels et dirigeants qui étaient leur ‘point de mire’.
Alors ; la gabegie ; la malversation ; le détournement des deniers publics ;la fraude et la corruption sont devenus les seules voies pour changer de statut social, pour s’enrichir.
La corruption ronge toute déontologie et toute éthique. Soulignons cependant que la corruption n’est pas l’apanage exclusif des Africains .Elle est d’ailleurs plus accentuée en occident ; témoins les grands dossiers de détournement de deniers publics et de ‘pot de vin’ qui ébranlent présentement les milieux politico-économiques d’Europe et d’Amérique .Mais nous ne nous étendrons pas sur cet aspect.
Dans un adage Bambara : « le bien public ne saurait constituer un héritage individuel ». Cela veut dire que la chose publique est une propriété collective, elle est le bien de toute la communauté. Nul ne saurait donc s’en accaparer et ainsi en faire une source d’héritage pour sa descendance. La gestion communautaire reposait sur le principe du contrôle populaire. Tout membre de la communauté pouvait demander des comptes quant à la gestion des ressources publiques qui étaient utilisées au su et au vu de tous. Les manquements graves constituaient une source de déshonneur pour le fautif .Etre accusé de mauvaise gestion ou de détournement des ressources publiques pouvaient conduire au suicide de l’intéressé, pour laver aussi la honte ou le déshonneur qui était désormais le sien. Il savait aussi que son comportement pouvait rejaillir sur sa famille, sa descendance. Ainsi ,on se mettait un point d’honneur à gérer scrupuleusement les deniers publics.
L’injustice est une tare de la société ; car ceux qui sont privés de la justice vont prétendre se venger .Ce qui conduira le pays à la ruine .La mauvaise répartition de la richesse constitue un élément déclencheur de l’injustice. Dans la plupart des cas, une poignée de la population s’accapare de tout et que la minorité est entrain de vivre dans la misère totale. Les membres du gouvernement qui détournent le denier public à des fins personnelles (maison ; véhicules et la belle vie).Raison pour laquelle Rousseau intervient en ces termes : « la propriété privée est la source de l’injustice dans la société ».
L’injustice s’explique aussi par la mauvaise gestion. Un Etat responsable doit contrôler ses dépenses ; les vérifier minutieusement .Un pays qui aspire au progrès et à la stabilité économique doit mettre fin aux gaspillages .L’argent public est sacré et ne peut être utilisé à des fins personnelles. Toute personnelle qui est incapable de gérer un poste de responsabilité ; mérite d’être remplacé par quelqu’un d’autre. Le retard de l’Afrique est dû à la mauvaise gouvernance ; à l’impunité ;à la corruption. D’où cette pensée de Paul Ricœur : « Que chaque cas semblable soit traité de manière semblable et chacun perçoive son dû dans les partages inégaux ».
Biyogo conclut dans son ouvrage « kémi anti-démocratie ? Montre le côté pervers de la politique franco-africaine. Environ cinquante ans après la proclamation de l’indépendance des pays africains, la politique franco-africaine est demeurée inchangée, antiévolutionniste, avec l’ombre encombrante du paternalisme et de l’expropriation continue. Aujourd’hui le philosophe africain est libre dans ses pensées et dans ses actes. Les jeunes nègres aujourd’hui ne veulent ni asservissement, ni assimilation. Ils veulent l’émancipation en liquidant ses anciens complexes tant d’infériorité que d’agressivité compensatoire.
Actuellement avec les philosophes africains d’aujourd’hui, ont aperçu que les cris de souffrance et de révolte anti- blanche ne sont qu’un moment historique dans l’évolution de la pensée africaine. Autant de gestes d’autorité qui maintiennent l’Afrique hors de ses propres richesses et de ses propres décisions de gouvernance. La philosophie africaine gagne à se montrer très attentive aux développements théoriques de l’économie du continent pour en décrire correctement les enjeux, qui permettent aujourd’hui de dégager cinq principales explications à la crise actuelle de l’Afrique45 :
-Les politiques économiques africaines du G8, du Fonds Monétaire international (FMI), de la Banque Mondiale créent un état de maintien de l’Afrique dans la dépendance économique et politique. Et par conséquent dans la pauvreté et pour une large part, la guerre permanente, notamment dans la Région des grands lacs.
-Les contradictions des différents plans d’ajustement des économies nationales, les conditions inouïes de la dévaluation du franc CFA, le dévoiement des conditions d’accompagnement financier des élèves de la bonne gouvernance.
-Le poids financier inouï dû à la dépendance monétaire des pays africains aux monnaies extérieures(le pourcentage de 60%des recettes de l’exportation des pays africains versés au trésor public de France).
-La ruse des prêts et des dons qui profitent davantage aux anciennes puissances coloniales qu’aux pays africains, à cela s’ajoute la mauvaise répartition et la mal gestion qui en sont faites.
-Le déséquilibre crée par le principe de l’exclusivité de l’attribution des ressources naturelles, des marchés publics et des projets de développement aux anciens pays de la colonie, expressément inscrit dans les accords économiques entre les anciennes puissances coloniales et les pays actuels d’Afrique.
45 Grégoire BIYOGO, Histoire de la philosophie africaine, livre 4, Paris, L’Harmattan, 2006, P167.
La philosophie du revenir et les bouleversements de la pensée inauguré par Biyogo.
Ce paradoxe entend faire de la philosophie une pensée du revenir de ce qui a été dit reste encore à examiner, et donne droit à un retour critique sur les traditions figées ou supposées stables, le revenir veut mettre en exergue une recherche infinie de la vérité, de faire un retour aux textes eux-mêmes. Le revenir est questionnement incessant, une analyse rigoureuse entre déconstruction et ironie de la description ou de l’autocréation de soi.
Pour les philosophes africains d’aujourd’hui, la philosophie n’est pas derrière nous, elle est plutôt devant nous. C’est pourquoi Hegel conçoit l’histoire de la philosophie comme l’étude de l’évolution de la pensée libre dans son opposition à l’autorité de la religion.
Ainsi Hegel exclut de la philosophie proprement dite ce qu’il appelle la ‘philosophie populaire’.C’est pourquoi les philosophes africains d’aujourd’hui insistent sur la forte collaboration de la philosophie avec l’évolution de la science et de la technique.
Pour les philosophes africains d’aujourd’hui, il serait juste de connaître les problèmes de nos propres pays, mais ceci ne doit pas exclure la connaissance des lois universelles et de l’histoire des autres pays dans la logique Hountondjienne.
C’est pourquoi Souleymane Bachir Niang disait que : « La liberté et la démocratie relèvent non du réel vécu, mais plutôt du devoir être46 ».
Pour DIENG, la nécessité de la démocratie et de l’écriture s’impose au développement de la pensée philosophique d’aujourd’hui, et non dans le retour aux passés. La tâche des intellectuels africains(les philosophes d’aujourd’hui) doit être sans doute de tirer les conséquences de cette exigence.
Les philosophes africains doivent prendre conscience de ces faits pour se jeter dans le combat social de libération nationale. Actuellement il s’agit d’une démonstration que les philosophes africains doivent faire face. A savoir que nous sommes à une phase où il faut dépasser la simple interrogation sur le statut ethnique pour plonger en pleine aventure philosophique réelle.
Au lieu de cacher leur absence de maîtrise philosophique derrière l’ethnologie ou la sociologie, il faut vite dépasser cet exercice universitaire le plus scientifiquement douteux. Cette philosophie par des philosophes africains d’aujourd’hui trouve que le passé ne doit pas être un obstacle à l’adaptation qu’impose le présent .Mais que l’Afrique ne fera pas exception, elle trouvera en elle-même assez de ressources spirituelles pour accomplir l’effort de synthèse que le monde moderne exige de tous les hommes. Ainsi pour Théodore Monod, cité par Robert Delavignette en préface du roman d’Ousmane Soce, paru en 1935 : « Le noir n’est pas un homme sans passé, il n’est pas tombé d’un arbre avant-hier.L’Afrique est littéralement pourrie de vestige préhistoriques ». Dès lors que l’Afrique existe très concrètement, il serait absurde de continuer à la regarder comme une table rase.
46 Cf., Amady Aly DIENG, Hegel, Marx et Engels et les problèmes de l’Afrique noire, Dakar, Sankoré, 1978, P111.
Nous ne saurions clore ce chapitre tout en oubliant de mentionner la position de Paulin
Hountondji, ce penseur intervient comme un philosophe africain d’aujourd’hui. Car sa pensée s’intéresse à la réalité actuelle de l’Afrique. En ce sens, lance un appel aux historiens de l’Afrique de ne pas se limiter seulement à étudier exclusivement l’histoire de l’Afrique, ils doivent étudier l’histoire des autres pays pour enrichir notre expérience mais, pour cela il doit déployer d’énormes efforts théoriques qui lui permettront de dominer sa science et ainsi de mieux maîtriser nos problèmes. Hountondji a raison de mettre en garde les Africains carriéristes ou enclins à la facilité dans le travail de recherche47.
Aujourd’hui, une nouvelle division du travail intellectuel est savamment organisée entre les intellectuels européens et les intellectuels du monde sous-développé. Celle-ci est une des formes de la division du travail imposée à nos pays par les Etats impérialistes. Désormais, les chercheurs africains vont fournir la matière première à partir d’enquêtes de terrain et de souvenirs vécus aux chercheurs européens qui vont les traiter grâce à un appareil conceptuel affiné. Ce qui veut dire que les philosophes africains doivent occuper des avant-gardes pour empêcher l’impérialisme de se triompher. C’est pourquoi Hountondji souligne qu’il est temps de réagir contre ce nouveau colonialisme culturel qui n’ose pas dire son nom et qui quelque fois se camoufle sous le voile du progressisme. Cependant l’Afrique a besoin pour sortir de la nuit coloniale, d’avoir des enfants qui développent, par tous les moyens, l’esprit théorique. Elle a besoin d’une tradition théorique qui passe au crible de la raison toutes les pratiques sociales de notre continent. Par là elle pourra affirmer une véritable autonomie de sa pensée et contribuer au développement de l’humanité48.
Raison de plus qui pousse Dieng à les féliciter, c’est-à-dire les jeunes philosophes africains notamment Hountondji, Towa etc. ; au sujet de leur pertinence sur les problèmes sérieux qui intéressent tous les intellectuels appartenant à toutes les disciplines. Leurs prises de position courageuses méritent plus de diffusion et doivent être discutées.
Le retard du continent est dû à nos yeux à ce manque de sérieux chez les responsables africains au niveau des prises décisionnelles pour la bonne marche de la société africaine. Et pourtant on ne manque pas d’argent car on peut consacrer nos ressources financières à créer des unités de production. Nous n’arrivons pas à le faire bien qu’il y ait des milliardaires africains. On ose dire que les Banques africaines ne sont pas sécurisées, on préfère aller déverser des sous dans les Banques hors du continent. C’est une défaillance éthique. En Afrique actuelle, l’intellectuel a tendance à ne plus jouer son rôle d’élucidation des problèmes qui surgissent au sein de la société. Il ne se préoccupe pas de la bonne marche de la cité comme l’intellectuel de la phase révolutionnaire des luttes de libération africaine. Si l’intellectuel ne quitte pas la politique sachant qu’il n’exerce plus son activité intellectuelle dans ce domaine, c’est qu’il a délibérément choisi d’assister et de participer à la fois au sacrifice et à l’abattement du peuple sans défense49.
47 Cf. Amady Aly DIENG, Hegel, Marx, Engels et les problèmes de l’Afrique noire, Dakar, Sankoré, 1978, P128.
48 Ibid. P49.
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